Quels enseignements avez-vous tirés du tour précédent à Montpellier ?

Stéphane Canet : « Nous avions fait un bon tournoi en battant les champions d’Europe italiens en titre, nous avons perdu sur le fil lors du match d’appui, mais le fait de sortir deuxième était quand même une bonne performance, puisqu’elle nous a permis de nous qualifier pour ce quatrième tour que nous devons passer pour accéder au tour final. »
Mathieu Hamel : « Nous sommes restés à notre place, nous aurions pu faire beaucoup mieux si nous avions battu les n°1 italiennes, ce qui aurait été un exploit, mais j’ai trouvé que c’était encourageant dans la manière et nous avons rempli l’objectif minimum de terminer deuxièmes, ce qui est plutôt positif, dans la mesure où sur ce tour, Alexandra Jupiter disputait sa première compétition de Beach, tandis que Melinda Adelin débutait avec Ophélie Lusson. »

Quel regard jetez-vous sur la saison de votre paire n°1, Rowlandson/Krou chez les messieurs, Longuet/Jupiter chez les dames ?

Stéphane Canet : « Ils ont eu un début de saison régulier et conforme aux objectifs, ils font troisièmes à Fuzhou, finalistes CEV sur le Masters de Jurmala, 9e, 17e et 5e en Grand Chelem puis une demi-finale à Stavanger. La blessure d’Edouard lors des Championnats du monde leur a mis un petit coup d’arrêt, mais Edouard a tout fait pour revenir au plus vite, et la semaine dernière en Pologne (Grand Chelem d’Oltszyn), les automatismes sont vite revenus. Je pense que la Continental Cup peut leur donner un coup de fouet pour la fin de la saison, l’objectif est qu’ils puissent commencer l’année 2016 dans les « main draw ». Normalement, ils devraient jouer le Masters CEV de Milan, puis trois « Open », au Mexique et en Turquie avec à chaque fois un stage sur place en amont, pour finir par le Qatar. »
Mathieu Hamel : « Alex et Laura n’ont pas eu un début de saison extraordinaire, ce n’était pas étonnant dans la mesure où, ayant peu de points au ranking mondial du fait des débuts en Beach d’Alex, elles prenaient souvent les meilleures équipes dans les tableaux de qualifs, du coup c’était compliqué pour elles d’en sortir. Mais elles se sont accrochées et ont bien optimisé des tournois à droite à gauche, comme les WEVZA où elles ont fait des podiums et ramassé des points, ce qui leur a permis d’être mieux classées et de finalement parvenir à sortir des qualifs sur certains tournois du World Tour. Elles font une neuvième place très encourageante à la finale européenne (Klagenfurt) en battant des équipes d’un très bon niveau, je sens que ça commence à prendre. Après la Continental Cup, nous restons à Sochi pour un « Open », elles sont directement dans le main draw, c’est bon signe, c’est la preuve qu’elles ont avancé, je constate de visu qu’elles ont progressé aux niveaux technique, physique et mental. »

Et la paire n°2 ?

Stéphane Canet : « Yannick (Salvetti) et « JB » (Daguerre) ont d’abord fait une très bonne Continental Cup, ils ont ensuite eu des résultats en dents de scie. Mais depuis un mois, ils reviennent très fort, ils restent sur deux qualifications en Grand Chelem à Yokohama et Olstzyn la semaine dernière. Dans une poule très difficile, ils ont notamment fait un super tournoi en Pologne, pas loin de battre les Hollandais, une des meilleures paires du monde. Ils évoluent à un rythme que je n’avais jamais vu chez eux, « JB » commence vraiment à être en maturité, il comprend les finesses mentales du jeu et la façon dont il faut se comporter au très haut niveau, Yannick a également énormément progressé ces six derniers mois, il a trouvé un service smashé régulier, et ensemble, ils ont désormais une bonne communication gestuelle sur le terrain, ils sont sur une spirale positive. »
Mathieu Hamel : « Du côté de la deuxième paire, nous avons décidé de changer et de partir sur un pari de jeunesse en associant Aline Chamereau à Ophélie Lusson qui vont jouer la Continental Cup et finir la saison ensemble. Elles sont très jeunes, peu expérimentées, elles manquent de régularité, mais pour moi, elles ont un potentiel très intéressant au niveau international. Je les engage donc dans un processus de progression, elles ont besoin de temps, vont se construire au fur et à mesure, sachant que des équipes jeunes, on en trouve sur le World Tour, pourquoi pas elles ? »

Derrière, les jeunes pointent le bout de leur nez, Di Giantommaso/Thiercy chez les garçons, champions de France et médaillés d’argent à l’Euro U22, Richard/Placette, finalistes du Championnat de France, quel regard portez-vous sur leur progression ?

Stéphane Canet : « Une vraie dynamique s’est installée sur le Beach en France, Romain et Maxime ont pris l’aspiration, c’est une génération Beach, dans la mesure ils vivent le Beach depuis qu’ils sont tout jeunes. Leur titre de champion de France leur a donné encore plus de confiance pour le Championnat d’Europe sur lequel ils sont arrivés avec une grosse envie. Avant leur départ, on avait fait un regroupement avec également Youssef et Edouard, Yannick et Jean-Baptiste et les deux Arnaud qui sont partis sur le Championnat d’Europe U20 (Gauthier-Rat et Loiseau), il y a une dynamique globale qui tire tout le monde vers le haut. Cet été, nous avons été champions d’Europe U18, vice-champions d’Europe U22, c’est de bon augure pour les années à venir d’avoir cette génération qui ira vers Tokyo, c’est important de voir que le travail fait au niveau des jeunes paie. Ce sont les premiers effets de la bivalence qui commencent à se mettre en place à travers l’équipe de France, il faut notamment s’inspirer de ce que font des pays comme la Pologne, qui a mis en place une vraie formation de Beach qui va de pair avec celle en salle. »
Mathieu Hamel : « Lézana et Alexia sont intéressantes, elles sont venues travailler avec nous en stage la semaine dernière, elles doivent encore progresser, mais c’est encourageant de voir des équipes arriver derrière, ça ne peut que créer de l’émulation au sein de l’équipe de France. »

Dans quel état d’esprit abordez-vous la Continental Cup ?

Stéphane Canet : « La dynamique est selon moi optimale pour atteindre l’objectif qui est de remporter ce tour de Continental Cup. Après, nous allons jouer des équipes très motivées dans la mesure où certaines d’entre elles, qui n’ont pas les moyens ou les points pour faire le World Tour, se préparent spécifiquement pour faire un résultat sur la Continental Cup, c’est leur seule chance d’aller aux Jeux. La Finlande a mis en place un gros programme de développement sur le beach-volley, tandis que la Lituanie jouera à domicile dans un central très chaud. Il faudra se méfier, à nous de faire jouer notre expérience et notre homogénéité. Après, le rival principal sera a priori l’Autriche, une nation européenne forte qui s’est bien entraînée pour la compétition. Donc ce sera un tour accessible, mais ce n’est pas fait d’avance. »
Mathieu Hamel : « Il faut qu’on soit encore en course l’année prochaine pour les Jeux. Le potentiel de Laura et Alex est vraiment intéressant, elles arrivent à battre des équipes de bon niveau européen et leur marge de progression pour 2016 est encore importante. Sur ce tour, l’Angleterre est a priori un peu plus faible, le reste est très homogène, avec la Lettonie et la Suède. Ce sont deux équipes largement battables mais inversement, elles peuvent nous battre, ce sera très ouvert, il n’y a pas d’équipe clairement au-dessus du lot comme l’était l’Italie au tour précédent. Nous nous sommes vraiment préparés pour cette échéance, notamment Laura et Alex qui, au lieu d’aller bourlinguer, sont restées à Montpellier pour se concentrer spécifiquement sur cette Continental Cup, je mise beaucoup sur elles. »

A quoi ressemblerait une fin de saison idéale pour vous ?

Stéphane Canet : « D’abord se qualifier pour le tour finale de la Continental Cup, ensuite j'espère la même fin de saison que celle qu’ont réussie Edouard et Youssef l’année dernière, ce qui nous permettrait d’attendre 2016 avec sérénité et impatience pour augmenter nos chances de podiums et de médailles sur les gros événements. Après, il y a bien sûr les objectifs olympiques, Rio, mais aussi Tokyo et, espérons-le, Paris 2024. L’idée est de travailler tous dans le même sens, de mettre en place une synergie de groupe. »
Mathieu Hamel : « D’abord terminer en tête de ce tour de Continental Cup. Ensuite, après, que Laura et Alex profitent des tournois d’hiver qui sont un peu moins denses pour prendre des points au ranking, comme Edouard et Youssef l’ont fait l’année dernière. Ce serait bien qu’elles arrivent à faire des places de cinquièmes, voire des podiums. Les jeunes vont aussi avoir l’opportunité de faire des tournois « Open », ce serait bien qu’elles arrivent à sortir des qualifs. L’idée est donc se positionner pour la saison 2016 pour les unes, de continuer à progresser pour les autres. »