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07/03/2025
L'interview bleue : Yacine Louati
Les playoffs de SuperLega italienne débutent dimanche 9 mars, avec notamment un affrontement entre la Lube Civitanova de Barthélémy Chinenyeze et Milan de Yacine Louati. L'occasion d'échanger avec le réceptionneur/attaquant de 33 ans, double champion olympique.
Commençons par remonter le temps en revenant à l'été dernier et ces Jeux Olympiques de Paris, qu’en gardes-tu ?
Beaucoup de fierté pour le groupe d’avoir répondu aux attentes et d’avoir sur redresser la barre après un été 2023 très compliqué. On sentait qu’il y avait un engouement autour de nous et la possibilité de faire quelque chose, notamment après avoir gagné la VNL en début d’été, même si c’était forcément une édition particulière dans la mesure où certaines équipes avaient décidé de la jouer à fond, d’autres non. Et beaucoup de gratitude envers la France et envers le public qui nous a fait un accueil incroyable et nous a sans aucun doute propulsés vers ce deuxième titre.
Quand tu te retournes sur votre parcours pendant la quinzaine olympique, as-tu senti un moment de bascule ?
Si on prend les choses de manière plus globale, ce moment de bascule, il date de la fin de l’été 2023, on a alors bien senti qu’on était à côté de la plaque et qu’il fallait réagir. Ce qui a été le cas pendant toute la préparation de cet été 2024, on a assez vite senti qu’on était tous sur la même longueur d’onde, aussi bien les joueurs que le staff. Pour ce qui concerne les Jeux en eux-mêmes, on a un peu vécu le même scénario que trois ans plus tôt face à la Russie à Tokyo où on n’était pas loin de sortir par la toute petite porte. A Paris, ça s'est passé lors de ce quart de finale contre l’Allemagne où on est à 2-0 contre nous, on se dit alors qu’on est en train de tout gâcher, de passer à côté de nos Jeux, et on réussit à revenir, grâce notamment à l’entrée de Théo Faure.
Comment expliquer la double démonstration de force ensuite contre l’Italie et la Pologne ?
Je pense que c’est vraiment à ce moment qu’on a été portés par le public. Au départ, les attentes du public, la beauté des Jeux à domicile, l’engouement ont été un peu une pression et à partir de ce match, on a réussi à transformer tout ça en quelque chose de positif, en une sorte de septième homme, ça nous a rendus plus forts sur le terrain et nous a permis, à partir du 2-0 contre l’Allemagne, de gagner huit sets d’affilée. Ce quart de finale a vraiment été l’élément déclencheur, ensuite, on joue l’Italie qui n’était pas forcément au mieux, elle avait eu un baroud d’honneur en quarts contre le Japon en réussissant à gagner après avoir été menée 2-0 et 24-21, et en finale contre la Pologne, c'était trop tard pour nous arrêter, on était 13 000 et 6 sur le terrain, il y avait une cohésion avec le public absolument extraordinaire.
As-tu senti un effet JO dans ta vie quotidienne après ces Jeux ?
Malheureusement, non, parce qu’on évolue quasiment tous à l’étranger. Ça aurait été magnifique pour nous de vivre ça en France, dans notre championnat, mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Cinq jours après la finale, je suis rentré à Milan pour préparer la saison, donc on n’a pas été à domicile pour célébrer ce titre, en parler et faire durer le plaisir. Ce plaisir se rallume de temps en temps quand je vois Babar (Barthélémy Chinenyeze), Antoine (Brizard), Théo (Faure), les joueurs qui évoluent en Italie, on se remémore la folie que ça a été et on partage aussi ce regret de ne pas avoir pu faire vibrer la flamme pendant des mois en France, d’autant qu’on voit bien que l’équipe féminine d’Italie a pu célébrer ici sa victoire pendant des mois, alors qu’elle n’a pas joué les Jeux à domicile.
Beaucoup de fierté pour le groupe d’avoir répondu aux attentes et d’avoir sur redresser la barre après un été 2023 très compliqué. On sentait qu’il y avait un engouement autour de nous et la possibilité de faire quelque chose, notamment après avoir gagné la VNL en début d’été, même si c’était forcément une édition particulière dans la mesure où certaines équipes avaient décidé de la jouer à fond, d’autres non. Et beaucoup de gratitude envers la France et envers le public qui nous a fait un accueil incroyable et nous a sans aucun doute propulsés vers ce deuxième titre.
Quand tu te retournes sur votre parcours pendant la quinzaine olympique, as-tu senti un moment de bascule ?
Si on prend les choses de manière plus globale, ce moment de bascule, il date de la fin de l’été 2023, on a alors bien senti qu’on était à côté de la plaque et qu’il fallait réagir. Ce qui a été le cas pendant toute la préparation de cet été 2024, on a assez vite senti qu’on était tous sur la même longueur d’onde, aussi bien les joueurs que le staff. Pour ce qui concerne les Jeux en eux-mêmes, on a un peu vécu le même scénario que trois ans plus tôt face à la Russie à Tokyo où on n’était pas loin de sortir par la toute petite porte. A Paris, ça s'est passé lors de ce quart de finale contre l’Allemagne où on est à 2-0 contre nous, on se dit alors qu’on est en train de tout gâcher, de passer à côté de nos Jeux, et on réussit à revenir, grâce notamment à l’entrée de Théo Faure.
Comment expliquer la double démonstration de force ensuite contre l’Italie et la Pologne ?
Je pense que c’est vraiment à ce moment qu’on a été portés par le public. Au départ, les attentes du public, la beauté des Jeux à domicile, l’engouement ont été un peu une pression et à partir de ce match, on a réussi à transformer tout ça en quelque chose de positif, en une sorte de septième homme, ça nous a rendus plus forts sur le terrain et nous a permis, à partir du 2-0 contre l’Allemagne, de gagner huit sets d’affilée. Ce quart de finale a vraiment été l’élément déclencheur, ensuite, on joue l’Italie qui n’était pas forcément au mieux, elle avait eu un baroud d’honneur en quarts contre le Japon en réussissant à gagner après avoir été menée 2-0 et 24-21, et en finale contre la Pologne, c'était trop tard pour nous arrêter, on était 13 000 et 6 sur le terrain, il y avait une cohésion avec le public absolument extraordinaire.
As-tu senti un effet JO dans ta vie quotidienne après ces Jeux ?
Malheureusement, non, parce qu’on évolue quasiment tous à l’étranger. Ça aurait été magnifique pour nous de vivre ça en France, dans notre championnat, mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Cinq jours après la finale, je suis rentré à Milan pour préparer la saison, donc on n’a pas été à domicile pour célébrer ce titre, en parler et faire durer le plaisir. Ce plaisir se rallume de temps en temps quand je vois Babar (Barthélémy Chinenyeze), Antoine (Brizard), Théo (Faure), les joueurs qui évoluent en Italie, on se remémore la folie que ça a été et on partage aussi ce regret de ne pas avoir pu faire vibrer la flamme pendant des mois en France, d’autant qu’on voit bien que l’équipe féminine d’Italie a pu célébrer ici sa victoire pendant des mois, alors qu’elle n’a pas joué les Jeux à domicile.
"On a la bouche pleine,
mais on n’est pas rassasiés"
mais on n’est pas rassasiés"
Et en Italie, on vous regarde différemment ? On vous parle de ce deuxième titre ?
Tout le monde nous regarde un peu différemment, mais ça a toujours été comme ça. On est quand même l’une des rares équipes dans l’histoire du volley à avoir gagné deux fois de suite le titre olympique, et malgré ça, quand tu regardes sur les réseaux sociaux les pronostics pour savoir qui sera champion du monde cette année, personne ne nous cite. Maintenant, ça nous va très bien, on n’a pas envie d’être sous les spotlights, mais au final, on a quand même gagné deux fois les Jeux, donc je pense que ça impose le respect, car dans l’ère moderne du volley, personne ne l’a fait. Ce groupe exceptionnel mérite un regard différent.
Quand tu t’entends dire "On a gagné deux fois les Jeux", ça ne te paraît pas fou ? Tu aurais imaginé ça en débutant en équipe de France presque dix ans plus tôt ?
Laisse tomber, jamais ! A l’époque, j’avais l’impression que déjà se qualifier pour les Jeux était un exploit en soi. C’est encore aujourd’hui un peu inexplicable, à part qu’on a un groupe exceptionnel. Chapeau bas à tout le monde, je pense notamment à tout le staff qui a été à la hauteur de la compétition, Andrea Giani en premier lieu, qui a réussi à mener le groupe à point ; malgré tous nos travers, il a réussi à tirer le meilleur de chacun, bravo à lui !
Un nouvel été chargé s’annonce avec en point d’orgue le Championnat du monde aux Philippines, qu’est-ce que t’inspire cette échéance ?
Je trouve que c’est beau que cette équipe reparte ensemble vers cet objectif. Ça aurait été facile pour beaucoup d’arrêter après deux titres olympiques, en se disant : "On a écrit l’histoire, on peut s’en aller". Mais non, c’est un groupe qui a encore envie de vivre ensemble, de gagner ensemble. On sait que ça va être dur, car on sait que comme en 2022, on va être attendus au tournant et qu’on n’est pas les seuls à avoir envie de gagner. On a la bouche pleine, mais on n’est pas rassasiés, on a très envie de gagner le seul titre qui manque au palmarès de l’équipe de France, on va tout donner pour ça, même si ça va être un nouvel été infini, de presque cinq mois…
"L'élimination en Ligue des
champions a été terrible"
champions a été terrible"
Passons à ta saison en club, tu as rejoint Milan l’été dernier, pourquoi ce choix ?
Après avoir vadrouillé en Turquie et en Pologne, où j’ai gagné la Coupe de la CEV la saison dernière avec Resovia (Rzeszow), j’avais envie de retrouver la vie italienne mais aussi d'aller dans un club qui me donnerait l’opportunité d’essayer de gagner et d’aller le plus loin possible en Ligue des champions. Milan répondait à cet objectif, dans la mesure où c’est un club qui grandit année après année, mais en fait, il n’est pas encore à son apogée, je me rends compte finalement que les clubs italiens ne sont pas aussi structurés qu’en Pologne qui, pour moi, est ce qui se fait de mieux. Maintenant, je suis très content d’être là et on va tout faire pour tenter de gagner le titre, même si on sait qu’on n’est pas favoris contre la Lube en quarts de finale.
Vous vous êtes inclinés la semaine dernière au golden set (15-13) face à Halkbank Ankara en playoffs de la Ligue des champions, cette élimination a-t-elle été dure à digérer ?
Ça a été terrible. Honnêtement, sur une série de trois à cinq matchs, ça va être dur de rivaliser avec les autres favoris du Championnat italien qui sont jusqu’ici plus forts que nous, mieux construits et plus structurés, même si on va tout faire pour déjouer les pronostics. En revanche, la Ligue des champions était une compétition qui pouvait mieux nous convenir car sur un ou deux matchs, on est capables de très belles choses. Et au final, on perd au golden set contre Ankara alors qu’on était vraiment meilleurs. Notre erreur a été de ne pas avoir gagné ou pris deux sets lors du match aller chez eux, on a eu un concours de circonstances défavorables avec la moitié de l’équipe qui a été victime d’une grippe affreuse, on perd alors qu’on a je ne sais pas combien de balles pour remporter un deuxième set. Et au retour, on gagne 3-1 avant le golden set qui est un peu un lancer de pièce et ne nous a pas souri. Cette déception est très difficile à digérer, car c’était pour moi un objectif très important, on jouait Varsovie derrière en quarts, qui, même si c’est une très bonne équipe, était selon moi à notre portée.
Vous attaquez les playoffs ce week-end contre la Lube, qui est selon toi le favori de la SuperLega ?
Il y a un mois, je t’aurais dit Perugia, aujourd’hui, je citerais aussi Trento qui est très fort depuis quelques semaines. La Lube aussi a des arguments, elle a une régularité à domicile qui fait vraiment peur, elle n’a pas perdu un point chez elle, ils servent le feu et ont Babar (Barthélémy Chinenyeze) qui est peut-être le meilleur central au monde. Et je n’oublie pas Vérone qui peut créer la surprise avec Keita.
Que faire selon toi pour tenter de créer la surprise en quarts contre la Lube ?
Il faut se lâcher, essayer de les déstabiliser, bien servir, encaisser en réception. Depuis leur victoire en Coupe d’Italie, ils ont un jeu qui s’est vraiment ancré, ils tournent moins en 4 parce que Loeppky et Bottolo sont vraiment très forts cette saison, si bien que Nikolov joue plus en deuxième pointu. En quarts de finale de la Coupe d’Italie, on a perdu 3-2 chez eux, c’est d’ailleurs la seule fois qu’ils ont lâché deux sets à domicile, ça veut dire qu’on est une des rares équipes capable de les déstabiliser.
"Je vais retourner à Resovia"
Tu vas jouer contre Barthélémy Chinenyeze, est-ce que c’est compliqué d’affronter un joueur qu’on connaît par cœur ?
Non, c’est avant tout un plaisir, on a beaucoup vécu ensemble, donc on est toujours contents de se revoir, de se raconter nos vies, de se rappeler les bons souvenirs, et même si je le connais par cœur, il arrive encore à me surprendre tellement il est fort ! Maintenant, je préfère être du même côté du filet que lui.
A titre personnel, quel bilan dresses-tu de ta saison ?
Je suis content de ma saison, avec de la continuité, un peu ce que je recherchais, je voulais être un joueur important en récep, en attaque, je le suis devenu. Mais c’est surtout maintenant qu’il faut essayer de le confirmer, j’ai hâte de commencer ces playoffs.
Seras-tu encore à Milan la saison prochaine ?
Non, je retourne de là où je viens, à Resovia. J’ai goûté là-bas à une structure et un championnat qui sont plus avancés, pour moi, le futur du volley, c’est en Pologne. Le championnat italien est très attrayant, il est historique et le niveau de jeu est très élevé, notamment parce que tous les meilleurs joueurs de la sélection y jouent, mais la Pologne est également très forte, au niveau de ses équipes nationales et de ses championnats, avec des clubs vraiment très structurés, un public hyper présent, plus qu’en Italie. La vie est forcément moins attrayante qu’en Italie, mais pour le volley, c’est magnifique.
Justement, as-tu eu le temps de profiter de la vie italienne et notamment de la scène musicale milanaise, toi le mélomane ?
Très peu jusqu’ici, parce qu’on a joué tous les trois jours avec la Ligue des champions, et qu’en hiver, Milan, c’est comme un peu comme le nord de chaque pays, il pleut, il fait froid, il y a du brouillard, ça me rappelle mon Tourcoing natal ! Maintenant, depuis une semaine, il fait un temps magnifique et effectivement, ça donne envie de sortir, d’aller à la Scala, de voir des pièces de théâtre, des ballets, Milan est une ville magnifique, notamment pour la vie culturelle, j’ai encore deux mois pour essayer d’en profiter.