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Ça fait une semaine qu’on a joué notre dernier match de Championnat, on a eu un jour et demi de repos pour digérer la perte de la troisième place et on a repris les entraînements, avec notamment le retour de notre libéro titulaire qui s’était blessé lors des playoffs, donc on est au complet pour aborder ce Final Four qu’on a eu le temps de bien préparer.
Peux-tu nous faire un état des lieux des forces en présence ?
C’est une édition assez particulière, parce qu’aucune des quatre équipes du Final Four n’a gagné son Championnat, donc je pense que les quatre équipes vont arriver à Lodz avec l’ambition de décrocher le titre pour finir leur saison en beauté. Perugia a gagné la Supercoupe d’Italie, Zawiercie la Supercoupe de Pologne, nous la Coupe de Pologne, il n’y a que Halkbank qui n’a rien gagné (battu en Supercoupe de Turquie par Arkas Spor et en finale de la Coupe par Fenerbahçe), chacun arrive avec son ambition personnelle.
On a l’impression qu’aucun favori ne se dégage vraiment, contrairement à certaines éditions précédentes ?
Je pense que rien n’est jamais écrit, j’ai vécu personnellement les deux dernières finales de Ligue des champions en arrivant sur la Super Finale avec le plein de confiance après avoir gagné le Championnat de Pologne, et les deux fois, on a perdu. La première contre l’équipe qu’on avait battue en finale (Zaksa), l’année dernière face à Trento qui avait terminé quatrième du Championnat d’Italie. Donc il n’y a aucune certitude, ça sera à qui jouera le mieux pendant le tournoi.
Comment vois-tu la demi-finale face à Zawiercie ?
C’est une équipe contre laquelle on joue régulièrement ces dernières années pour les titres en Pologne. L’année dernière c’était en finale du Championnat, ça a été la finale de la Supercoupe et de la Coupe cette saison, ça donne très souvent lieu à des matchs très serrés. Ils ont eu pas mal de soucis de blessure sur cette fin de saison, on ne sait pas trop dans quelles dispositions ils seront pour ce Final Four qui est leur premier, mais on sait que ce sera un match très compliqué.
Tu as gagné une fois la Ligue des champions, en 2021, quelle valeur a cette compétition pour toi ?
C’est une compétition extrêmement dure à gagner, peut-être un tout petit moins depuis qu’il n’y a plus les équipes russes, mais ça reste un exploit de la remporter, parce que tu arrives en fin de saison, toutes les équipes sont fatiguées physiquement et mentalement. Là, en plus, on revient au format Final Four avec deux matchs en deux ou trois jours. Pour l’avoir gagnée une fois et avoir perdu les deux dernières finales, je mesure bien à quel point c’est compliqué de remporter ce titre.
Et que gardes-tu de la victoire en 2021 ?
Enormément d’émotions et de fierté, d’autant que c’était mon dernier match avec Zaksa. C’était aussi la dernière édition avec les équipes russes, on avait eu un parcours très dur avec un quart de finale contre la Lube qui avait une équipe incroyable, une demi-finale face à Kazan et Earvin qui faisaient partie des favoris de la compétition, et une finale contre Trento avec Giannelli, Nimir et Michieletto qui arrivait au plus haut niveau, c’était un parcours incroyable et des souvenirs très forts. Quand j’ai signé à Jastrzebski, gagner une deuxième Ligue des champions dans un deuxième club était clairement un de mes objectifs. Je n’en suis pas loin, j’espère pouvoir le faire cette année, même si je sais que la concurrence sera très forte.
Un mot sur le Championnat, dont vous avez pris la quatrième place finale, quel est ton sentiment sur cette saison de PlusLiga ?
Ça a été un exercice compliqué. On a terminé premiers de la saison régulière, ce qui était très satisfaisant. Ensuite, on a eu des playoffs plus compliqués, avec, cette saison, une différence notable dans le fait que le Final Four de la Coupe de Pologne, qui se joue en général en janvier ou février, était placé entre le quart de finale et la demi-finale du Championnat parce que l’aréna de Cracovie, où il se dispute, n’était pas disponible aux dates habituelles. On a gagné cette Coupe que le club attendait depuis quinze ans, en dépensant beaucoup d’énergie, que ce soit physique et mentale, ça a été un moment incroyable, une super finale contre Zawiercie devant 15 000 personnes. Et cinq jours après, on a joué notre demi-finale contre l’équipe de Leon, Lublin, qui a fait un match très solide chez nous en s’imposant 3-1. On est arrivés un peu dos au mur à Lublin, et à la fin du premier set, notre libéro (Jakub Popiwczak) se fait une déchirure aux ischios, on a quand même réussi à gagner notre deuxième match, mais on a joué toute la fin des playoffs sans lui parce qu’il fallait le préserver pour qu’il puisse revenir au Final Four de la Ligue des champions. On a malheureusement perdu 3-2 le match d’appui contre Lublin en se battant jusqu’au bout. Ensuite, ça a été dur se remobiliser pour la troisième place contre Varsovie, on n’a pas très bien joué. On est très déçus de ne pas avoir décroché cette médaille, on va tout faire pour le faire ce week-end, si possible la plus belle.
A titre personnel, on a l’impression que ta saison a été une fois de plus très consistante et régulière, qu’en penses-tu ?
C’était une saison encore pleine. Souvent, on me demande comment je fais pour me remotiver chaque saison, mais je joue dans un club qui ambitionne de gagner et fait tout pour ça, moi aussi, j’ai cette ambition de toujours gagner au moins un titre par saison. C’est déjà le cas cette année avec la Coupe, le fait d’être encore dans les quatre meilleures équipes européennes est quelque chose de fort, donc la motivation est toujours aussi importante.
Tu as prolongé une saison de plus, la décision a-t-elle été facile à prendre ?
Il y a eu des discussions, ça se passe toujours assez tôt en Pologne. On va un peu changer de cycle avec un nouveau projet et pas mal de nouveaux joueurs, mais le club a tout fait pour me conserver, donc j’ai pris cette décision de continuer l’aventure en Pologne. En termes d’organisation et de niveau de jeu, je le répète souvent, mais c’est le pays du volley, les salles sont pleines à chaque match, l’organisation des clubs est super carrée, je n’avais pas de raisons d’aller ailleurs.
Passons désormais à l’équipe de France, neuf mois après le deuxième titre olympique, les Jeux te paraissent-ils loin ?
Oui, ça paraît loin. La chose la plus dure là-dedans, c’est que j’ai l’impression de ne pas avoir réussi pleinement à profiter des Jeux, parce qu’on a dû enchaîner rapidement avec le club. Après une expérience comme ça, on a envie de la partager, la savourer, ça n’a pas été possible. Je ne suis resté qu’une petite semaine chez moi, à Sète, à profiter de la famille et des amis, j’ai été invité à droite à gauche pour célébrer ce titre, j’ai eu énormément de sollicitations que j’ai pour la plupart malheureusement dû refuser car j’étais déjà de retour en Pologne.
As-tu pu mesurer l’impact de votre deuxième titre auprès du public polonais ?
Oui, j’ai souvent été récompensé lors de nos déplacements, il y avait à chaque fois une attention pour les médaillés polonais, mais aussi français, des Jeux Olympiques, c’est aussi pour ça que je dis que c’est le pays du volley. Avoir des doubles champions olympiques dans leur Championnat, c’est aussi une fierté pour eux, c’est l’image du volley en Pologne et de la Ligue qui est valorisée. Ils ont en plus une équipe nationale incroyable avec de très bons joueurs.
Avec du recul, tu réalises la portée de l’exploit historique que constitue le fait de gagner deux fois de suite les Jeux ?
Oui, mais ça m’arrive d’oublier ! Je m’en rendais compte quand j’avais encore les médailles en Pologne, parce que je passais souvent devant, maintenant qu’elles sont en France, c’est plus rare. Et en fait, on est tellement dans une machine à laver, avec énormément de matchs, de déplacements, de choses à penser, que souvent, on ne prend pas le temps de s’en rendre compte.
Il va falloir repartir pour une saison internationale qui va débuter par la Volleyball Nations League en juin, quel sera ton programme ? Et repars-tu avec la même motivation ?
Je vais d’abord prendre du repos, j’en ai parlé pas mal avec Giangio (Andrea Giani) et le staff, j’ai besoin de faire un bon break, physique et mental, je rejoindrai l’équipe après mes vacances sur la troisième semaine de VNL. Pour ce qui est de la motivation, on en a déjà pas mal parlé avec les gars et le staff : cette équipe, il lui manque une médaille au Championnat du monde, moi aussi à titre personnel, c’est la seule qui me manque dans ma carrière. Donc la motivation, elle est là, et je pense que tous, on est animés par l’envie de voir cette génération aller chercher cette médaille qui lui manque. C’est un bon moteur, le fait d’avoir cet objectif collectif et personnel permet de ne pas se reposer sur le fait d’être doubles champions olympiques, on a cet objectif en tête pour les prochains mois.
Est-ce que ce sera ta dernière campagne en équipe de France ?
Pour l’instant, je préfère garder la réponse pour moi. On verra comment se passent les choses au fur et à mesure de l’été, mais compte tenu de mon âge et du temps que j’ai passé en équipe de France, il y a plus de chances que ce soit la dernière.
Et à plus long terme, où en es-tu de la réflexion sur la fin de ta carrière ? Sais-tu quand tu veux arrêter et penses-tu à la suite ?
Je me sens toujours très bien en tant que joueur. Je pense que j’ai encore de belles années devant moi, j’évolue dans un des meilleurs clubs d’Europe, je joue énormément de matchs, donc je me vois continuer encore plusieurs saisons à très haut niveau. Et bien sûr que je pense à la suite, j’ai envie de rester dans le monde du volley, c’est ce que j’aime, c’est là où j’ai le plus d’expérience, j’aurai envie de transmettre ce que j’ai vécu et appris. Maintenant, je me sens encore pleinement joueur de très haut niveau.