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01/04/2016
Que sont-ils devenus ? Jean-Marc Jurkovitz
Suite de notre série consacrée aux anciens, avec cette semaine un focus sur Jean-Marc Jurkovitz, international à 290 reprises dans les années 80, passé en club par Grenoble, Lyon, Cannes, Poitiers et Bordeaux.
Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre carrière de joueur ?
Avec l’équipe de France, c’est la période 1985-1987, avec les 18 mois de préparation au Championnat du monde en France qui ont été une aventure humaine incomparable, malheureusement terminés sur une énorme déception (6e place). Je retiens la médaille de bronze au Championnat d’Europe en 1985, une énorme joie parce que nous ne savions pas du tout à quel niveau nous étions, également le Championnat d’Europe 1987 avec la qualification pour les Jeux Olympiques grâce à notre deuxième place. Il y a une petite pointe de déception sur cette compétition, parce que je pense que nous avions l’équipe pour aller au bout et battre l’URSS en finale, mais après notre victoire en demi-finale, qui nous offrait la qualification olympique, il y a eu une baisse de pression, un petit relâchement. Après, il y a eu les Jeux Olympiques de Séoul en 1988
 qui ont été une grosse désillusion d’un point de vue sportif, mais c’était vraiment chouette de vivre ces Jeux de l’intérieur.

En club, que retenez-vous ?
Mon premier titre de champion de France avec Grenoble en 1985, notre parcours européen avec Cannes en 1993, nous perdons en finale 3-1 contre Milan après avoir gagné le premier set, la victoire en Coupe de France avec Poitiers en 1996 qui est un énorme souvenir, parce qu’il y avait un engouement magique autour du volley à Poitiers. Nous avions joué la finale à Paris contre Cannes qui était favori, 19 bus avaient fait le déplacement, quand nous sommes rentrés dans la salle deux heures avant le match, tous les supporters étaient déjà là, en noir et blanc, ils nous ont acclamés, c’était absolument incroyable. Encore aujourd’hui quand on en reparle avec mes coéquipiers de l’époque, nous avons des frissons.

Quand et pourquoi décidez-vous de mettre un terme à votre carrière ?
Je jouais à Bordeaux : la première année, nous étions montés en Pro A avant de nous maintenir la suivante au terme d’une saison très correcte.
 A la fin de l’année, le club avait quelques soucis financiers, je me suis dit que c’était le moment de raccrocher, j’avais 35 ans, c’était en 1998.

Comment avez-vous basculé dans l’après-carrière ?
Pendant ma carrière, j’avais fait quatre ans d’études de marketing, deux à Grenoble puis deux à Poitiers, j’avais eu une maîtrise.
 J'avais aussi monté une boîte de sportswear volley, nous étions les premiers en France à faire ça, ça n’a pas trop mal marché pendant deux-trois ans, moins la quatrième puisque nous avons déposé le bilan, mais c’était une belle expérience. Au moment d’arrêter à Bordeaux, j’ai commencé à travailler dans une banque puis dans une boîte de marketing directe puis chez Adidas. Je me suis rendu compte que cela ne me plaisait pas du tout, j’ai démissionné et j’ai repris des études, j’ai fait un Master en logistique industrielle à Sup de Co Bordeaux en 2000, après les choses se sont enchaînées professionnellement.

Comment ?
Une boîte de recrutement de Genève qui venait faire régulièrement son marché dans mon Master m’a contacté, je me suis retrouvé dans le groupe Richemont en Suisse, ça me plaisait bien de travailler là-bas parce que je suis de Grenoble, ça me permettait de me rapprocher de ma famille et j’ai toujours beaucoup apprécié la Suisse.
 Du coup, nous avons déménagé à Fribourg avec ma famille. J’ai commencé chez Cartier, qui appartient au groupe Richemont, j’ai depuis plusieurs fois changé de travail mais toujours dans le monde de l’horlogerie, et aujourd’hui, je travaille pour les montres Hermès, je suis Supply Chain Manager, ce qui signifie que je gère la partie approvisionnement, planification et distribution, c’est très intéressant. J’habite toujours à Fribourg et je travaille à Bienne. 

"J’ai saoulé Laurent Tillie de SMS de félicitations"

Avez-vous envisagé de vous reconvertir dans le volley ?

Non, il n’en a jamais été question. Je n’ai même pas passé mes brevets d’Etat, alors que ce n’était pas très compliqué à l'époque, parce que j’étais certain de ne pas m’orienter vers l’entraînement. Je voulais sortir professionnellement du volley, mais si j’étais resté en France dans une ville avec un club de volley, je me serais investi en tant que dirigeant pour rester dans ce milieu, je n’avais pas prévu de le quitter, parce que j’adore le volley, j’adore parler avec les anciens, refaire le monde du volley… En partant en Suisse, ça n’a pas été possible, parce que les clubs ne sont pas très structurés, le niveau n’est pas très fort.

Avez-vous continué à jouer ?

Oui, j’ai joué et même entraîné un peu, au troisième niveau suisse, ça m’a permis de me faire des copains dans ce cadre, mais j’ai arrêté il y a cinq ans, parce que je me suis fait très mal au dos sur mon dernier match, je me suis vraiment fait peur, j’ai été arrêté pendant dix jours, j’étais complètement bloqué. Mais je me suis mis au basket, un sport bien moins douloureux pour les articulations et que pratiquent aussi mes deux garçons.
 Je joue une fois par semaine.

En tant que fan de volley, vous avez dû vibrer l’année dernière aux exploits de l’équipe de France…
Et comment ! J’ai saoulé Laurent Tillie de SMS de félicitations. C’était magnifique, ils font ce que nous avons rêvé de faire, ils sont champions d’Europe et gagnent la World League, c’est fantastique, je trouve d’ailleurs terrible qu’ils ne soient pas qualifiés pour les Jeux Olympiques en ayant fait ça, mais ils vont évidemment se qualifier au Japon et ils vont aller loin à Rio. Je suis en relation fréquente avec Laurent qui est resté un grand copain, nous étions ensemble en équipe de France juniors puis nous avons été en chambre tous les deux pendant des années en sélection.
 Nous avions à l’époque une super équipe, nous nous entendions très bien, comme cette équipe de France d’ailleurs, il y a beaucoup de points communs entre nos générations. Ils arrivent à démultiplier leur force et leur énergie grâce à l’entente qui existe entre eux, là-dessus, Laurent est vraiment incroyable, c’est une énorme réussite, parce qu’ils sont très différents, ils viennent d’horizons divers et ils arrivent à avoir une osmose incroyable, ça donne des frissons de les voir jouer. Ils ont atteint un niveau stupéfiant.

Si l’équipe de France se qualifie pour les Jeux, quels conseils leur donneriez-vous, fort de votre expérience olympique ?
Je ne leur en donnerais qu’un, c’est de gagner ! Laurent est bien plus à même que moi de le faire, il a été deux fois aux Jeux Olympiques, il a tout ce qu’il faut pour gérer cette compétition au mieux, je serais assez mal placé pour leur donner des conseils.