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16/03/2016
Que sont-ils devenus ? Brigitte Lesage
Que sont devenus les anciens internationaux ou anciennes internationales tricolores ? Pour la troisième édition de notre rubrique, focus sur Brigitte Lesage, qui porté le maillot bleu à 280 reprises avant de disputer les Jeux Olympiques d'Atlanta en beach-volley.
Brigitte, revenons d'abord sur votre carrière en salle. Vous avez débuté à Mulhouse avant de rejoindre le club italien de Ravenne, avec qui vous avez réalisé une série irréelle de 72 victoires de suite... 
Oui, la meilleure période de ma carrière, avec la victoire en Ligue des champions en 1988 (alors que les clubs soviétiques régnaient sur l'Europe à l'époque, ndlr). Ces 72 victoires, c'était du jamais vu dans le championnat italien. Pendant pratiquement deux saisons, on n'a pas perdu un seul match. Sur le papier, on avait une équipe de très haut niveau, avec des joueuses de classe mondiale, comme la passeuse Benelli. C'était très fort, on dominait les autres équipes. Il y a eu de très beaux matches de play-offs, contre Reggio Emilia notamment. C'est là-bas que j'ai vécu mes premières émotions, mon premier titre, en 1986.

Vous jouiez sous les ordres du légendaire Sergio Guerra...
Un très grand entraîneur. En Italie, à l'époque, il y avait uniquement d'anciennes joueuses de l'Est, plutôt des joueuses en fin de carrière. Moi, je suis arrivée avec aucun palmarès, aucune notoriété. Il m'avait repérée lors d'un tournoi à Appeldoorn, j'avais 20 ans. C'est grâce au championnat italien, au professionnalisme, et aux entraînements de Sergio Guerra, qui m'a beaucoup apporté, que j'ai pu franchir un cap et atteindre ce niveau-là.

Parallèlement, vous avez longtemps joué en équipe de France...
Je dois avoir près de 300 sélections (280, ndlr). J'ai commencé en équipe de France juniors, avec pour grand moment le championnat d'Europe juniors en 1981. J'ai aussi remporté une médaille de bronze aux Jeux Méditerranéens. On a participé à plusieurs championnats d'Europe, mais on n'a jamais pu monter sur le podium. On avait un programme d'entraînement assez dense, on était toutes regroupées à l'INSEP, c'était une belle aventure.

"Les Jeux Olympiques, c'était formidable"

Votre carrière a pourtant failli s'arrêter en 1989...
J'ai eu un accident vasculaire cérébral qui m'a obligée à stopper ma carrière en Italie. J'ai perdu la vision centrale de l'œil droit. J'ai dû rentrer en France du jour au lendemain, cela a été un moment difficile. Je ne savais pas du tout comment j'allais récupérer. Les médecins m'avaient dit que je n'allais jamais récupérer la vision centrale de mon œil droit.

Et pourtant, vous avez repris le volley en 1991...
Ce qu'il s'est passé, c'est que je suis retournée à la fac. J'ai passé un diplôme de Langues Etrangères Appliquées en italien-anglais. Au bout d'un an, mon œil gauche s'était adapté à la perte de vision de mon œil droit. Je n'ai pas retrouvé la vision avec mon œil droit, même aujourd'hui. Mais avec les deux yeux ouverts, je voyais normalement. Donc j'ai pu reprendre le volley en salle à Mulhouse.

Puis basculer sur le beach-volley...
Le beach-volley est devenu sport olympique à ce moment-là. Il était sport de démonstration à Barcelone en 1992, il est entré au programme olympique pour les Jeux d'Atlanta en 1996. Avec Anabelle Prawerman, on s'est dit: "Pourquoi ne pas essayer ?". Se qualifier était assez inimaginable. A ce moment-là, j'habitais sur Strasbourg. J'avais commencé à travailler pour Adidas. Je faisais la navette pour jouer en salle à Mulhouse. Ponctuellement, on a commencé à faire tous les tournois de beach à travers le monde. Jusqu'au jour où on a réussi à se qualifier pour les Jeux. On l'a su au mois février. J'ai pris trois mois de disponibilité auprès de mon job pour préparer ces JO, où on a fini 13e sur 18. Alors qu'au départ, on était 18e et dernières qualifiées.

Une magnifique expérience, on imagine...
Oui, c'était formidable. Cela aurait été une déception, alors que j'ai joué au haut niveau en Italie, de ne jamais disputer les Jeux. C'est quand même le plus bel évènement quand on est sportif de haut niveau. J'étais absolument enchantée de faire les Jeux, et cela me permettait aussi de mettre un terme à ma carrière, sur une décision que j'avais prise, et pas suite à une blessure. Ça y est, je pouvais tourner la page du volley et arrêter ma carrière.

Qu'avez-vous fait ensuite ?
J'ai travaillé chez Adidas pendant quelques années. Puis je suis descendue dans le sud-ouest, du côté d'Albi, où j'ai repris une maison de famille que j'ai transformée en hébergement touristique, chambre d'hôtes, gîte... Ca s'appelle le domaine du Buc. (
http://www.domainedubuc.com) J'ai créé ma petite entreprise en 2004, et c'est donc ma 12e saison touristique. Ça tourne plutôt bien. Entre temps, j'ai adopté deux enfants en Russie. La vie est belle !

"J'avais besoin de passer à autre chose"

Vous avez donc totalement quitté le monde du volley...
J'ai complètement décroché !  Après Atlanta, je me suis beaucoup investie dans mon travail chez Adidas, qui m'a beaucoup apporté. Quand je suis venue m'installer à Albi, j'avais beaucoup à faire dans la rénovation de la maison, la famille, les enfants... Je ne me suis pas du tout réinvestie dans le volley, je pense que j'avais besoin de faire un break, de passer à autre chose, même si j'ai vécu de très belles émotions avec le volley. Le club d'Albi m'a pourtant sollicitée, mais je ne me sentais pas de replonger, que ce soit en tant que joueuse ou dirigeante. Désormais, je ne suis le volley que de très loin.

C'est une année olympique avec, on l'espère, des Français à Rio...
Oui, j'ai suivi, bien sûr, les résultats de l'équipe de France masculine. Avec Laurent Tillie, on est un petit peu de la même génération, je trouve qu'il fait un travail remarquable. Je connais très bien son épouse, Caroline. On était en Italie à la même période, nous sommes restées en contact. On va tous être derrière l'équipe de France masculine, c'est évident, et derrière l'équipe féminine, pour qu'elle tire aussi son épingle du jeu, en se qualifiant par exemple pour le championnat d'Europe.

En beach-volley aussi, la France espère avoir des représentants...
J'ai vu ça grâce à Facebook, ça me permet de rester un peu informée (rires). J'ai vu qu'il y avait une paire solide, avec de très bons résultats (Krou-Rowlandson, ndlr). J'espère qu'on aura au moins une équipe de beach à Rio.