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05/08/2016
Laurent Tillie : « Nous rêvons du podium »
Après avoir réussi le pari qu’il s’était fixé il y quatre ans lors de sa prise de fonction d’emmener l’équipe de France aux Jeux Olympiques, Laurent Tillie aborde le rendez-vous de Rio avec confiance et mesure. Comme ses joueurs, le sélectionneur ne cache pas que l’ambition est de finir sur le podium.
Laurent, vous disiez avant le début de la Ligue Mondiale, que la meilleure façon de préparer les Jeux était de gagner la compétition, êtes-vous satisfait de votre troisième place finale ?
Oui, nous avons tiré le maximum de ce que nous pouvions faire sur cette Ligue Mondiale. C’était effectivement important de jouer la compétition à fond, même si nous étions bien conscients que nous n’étions pas dans les conditions idéales. Nous avons beaucoup fait tourner l’équipe, nous avons eu quelques blessures, dans ce contexte, le résultat est très satisfaisant. Pour aller plus haut, il nous a manqué un peu de constance, de fraîcheur et de précision dans les détails en demi-finale contre le Brésil, mais cette deuxième médaille de suite en Ligue Mondiale est un bon résultat.

Un résultat qui fait de l’équipe de France une prétendante au podium à Rio, partagez-vous cet avis ?
Il y a beaucoup de concurrence à Rio et nous sommes dans une poule très compliquée. Pour moi, le Brésil est l’équipe favorite, mais il y a beaucoup de prétendants, les Etats-Unis, la Russie, la Pologne, l’Italie, je pense que ça va être un très beau tournoi. Nous connaissons la difficulté de la tâche, mais notre volonté est de tout faire pour monter sur le podium. Nous nous entraînons pour ça, nous avons été chercher notre qualification pour ça, nous rêvons de ça. C’est sûr que ces résultats nous confortent dans notre travail, mais ce n’est pas pour autant une sécurité : ce n’est pas parce que nous avons remporté des médailles l’année dernière et cette année que nous allons forcément y arriver à Rio. J’ai l’habitude de dire qu’à chaque nouvelle compétition, les compteurs sont remis à zéro, je pense que cela sera encore plus le cas cette fois-ci. Nous savons que nous avons le potentiel pour viser une médaille, mais les autres aussi, nous sommes donc encore plus alertes.

D'autant que votre poule, avec notamment l'Italie, le Brésil et les Etats-Unis, est éminemment compliquée...
Oui, il faudra effectivement déjà sortir de cette poule très difficile. Cela veut dire gagner trois matchs sur cinq. Après, cela ne sert à rien de calculer, d’autant que deuxième ou troisième, c'est la même chose puisqu'il y a un tirage au sort pour les quarts de finale (entre les quatre équipes ayant terminé deuxième et troisième des deux poules, ndlr). On peut même jouer en quarts de finale une équipe de notre poule, c'est encore une des spécificités du volley...

Quel message avez-vous délivré aux joueurs avant d’aborder la dernière ligne droite vers Rio ?
Je leur ai dit que nous rentrions désormais en mode JO. Dans leur tête d’ailleurs, ils sont déjà à Rio depuis longtemps, c’est aussi pour ça que la Ligue Mondiale a été un peu compliquée à gérer, ils étaient en attente des Jeux, mais ils ont quand même réussi à se concentrer sur le moment présent. Maintenant, il faut qu’ils se préparent à la difficulté de la compétition, mais aussi à la grandeur et à la beauté des Jeux Olympiques, c’est quand même un événement unique. 

Vous les avez disputés deux fois en tant que joueur (1988 et 1992), en quoi est-ce un événement unique ?

Déjà, pour moi, c'est une trêve mondiale par le sport, une parenthèse merveilleuse, surtout dans le contexte actuel. Ensuite, tout est plus grand ! Toute l’attention du monde extérieur se porte sur vous l’espace de quinze jours, nous ne sommes pas habitués à cela. En plus, il y a forcément de la dispersion, parce qu’on a envie d’en profiter en allant voir la natation, le basket, le judo… Et il y a beaucoup de sollicitations, de toutes parts, c’est très difficile à gérer. Notre travail avec mon staff est donc de préparer les joueurs à tout ça. C’est un peu une pirouette, mais je leur répète ces derniers temps qu’on ne va pas à Rio pour voir les stars des autres disciplines, mais que ce sont eux qui viendront nous voir. Il faudra essayer de ne pas se laisser éblouir, avoir une attitude de vainqueur si on veut aller au bout. Malgré cela, il n'était pas question par exemple de ne pas aller à la cérémonie d'ouverture, si on ne va pas à la cérémonie d’ouverture, on ne va pas aux JO !

Quels souvenirs gardez-vous de vos participations aux Jeux ?
Ils sont mitigés, il y a peu de frustration parce que nous voulions et pouvions mieux faire, mais je pense que nous étions un peu ébahis un peu tout le temps, et finalement, nous n’avons pas réussi à en profiter pleinement. Ici, il faudra être intelligent dans ce domaine, entre liberté donnée aux joueurs et recentrage, parce que nous avons envie de performer et de profiter. 

Vous allez évoluer dans un cadre connu où vous avez remporté l’année dernière la Ligue Mondiale…
Oui, on sera comme à la maison ! C’est vrai que cela fait remonter de bons souvenirs et nous aurons très envie de revivre les mêmes émotions dans ce Maracanazinho qui est un temple du volley, mais nous savons bien que ce sera différent, parce que les Jeux Olympiques sont vraiment une compétition complètement à part, je le répète. 

Lorsque vous êtes arrivé à la tête de l’équipe de France en juillet 2012, vous avez d’entrée fixé l’objectif de la qualification à vos joueurs, sincèrement, pensiez-vous vraiment y arriver ?
C’était un objectif, nous espérions y aller, mais nous partions de loin. A l’arrivée, c’est quand même une belle histoire, parce qu’on ne pensait pas qu’on se présenterait aux Jeux dans d’aussi bonnes conditions en ayant déjà remportant quelques médailles et en se préparant bien.

Une belle histoire collective qui, à titre personnel, se double d’une belle histoire personnelle puisque vous êtes à Rio avec vos fils Kevin et Kim (équipe de France de basket), ressentez-vous de la fierté ?
C’est une fierté pour ma femme (sourire) ! Plus sérieusement, je ressens beaucoup de fierté pour eux, parce qu’ils n’ont pas eu un parcours facile : Kim a vraiment travaillé pour gagner sa place, il a fait une bonne saison avec Vitoria, Kevin aussi : il a toujours été doué techniquement, mais physiquement, c’était plus difficile, il a mis du temps à trouver sa place. L'un comme l'autre ne sont pas arrivés tout d’un coup comme Earvin Ngapeth, Tony Parker ou Nicolas Batum.

C'est quand même rare que trois membres d'une même famille se retrouvent aux Jeux...
C’est vrai que pour nous trois, ces Jeux vont être un moment exceptionnel, je suis surtout content qu’ils puissent vivre cette belle aventure. Je sais ce que c'est, puisque je l’ai également vécu avec mon frère (Patrice, joueur de l'équipe de France de water-polo lors des JO de Barcelone, ndlr)
c’est une magnifique expérience commune qu’ils pourront partager. Là, j’ai en plus la chance de la partager avec eux, c’est encore plus fort, 

Vous partagez en plus les mêmes ambitions, à savoir décrocher une médaille, vous sentez-vous proche de cette équipe de France de basket ?
On essaie de copier leur histoire. Eux sont plus sur la fin d'un cycle avec des joueurs majeurs qui veulent finir leur parcours en équipe de France en beauté, nous, nous sommes plus au début. Ce qui est sûr, c'est que j’aimerais que mes joueurs prennent exemple sur cette équipe qui a réussi à se hisser à un très haut niveau et à s’y maintenir, c’est cette continuité à laquelle j’aspire.