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(Miniature) Que sont ils devenus ? Guillaume Samica
Photo : Stéphane Pillaud/FFVolley
27/04/2020
Que sont ils devenus ? Guillaume Samica
Suite de notre série sur le parcours des anciens internationaux tricolores, avec un épisode consacré cette semaine à Guillaume Samica, plus de 200 sélections au compteur, qui a arrêté sa carrière il y a deux ans en Pologne.
Comment es-tu venu au volley ?
Mon père était entraîneur de volley à l’université de Compiègne, près de chez moi, mais je n’étais pas très volley, je suivais quand même un peu à la télé,  la grande épopée européenne de Fréjus et le championnat du monde 1986 en France, avec la grande génération Fabiani, Bouvier, Faure, Mazzon, et un certain Laurent Tillie qui était tout jeune. J’étais donc au courant, mais sans plus m’intéresser au jeu en lui-même. Jusqu’au jour où une personne m’a vu jouer sur la plage en vacances en Italie, j'avais 15 ans, et a demandé à parler à mes parents. Il s’avère que cette personne était entraîneur au Sisley Trévise, club champion d’Europe (1995), il leur a demandé si je pouvais rester étudier en Italie et habiter au centre de formation du club. Mes parents ont refusé, mais je me suis inscrit à mon retour dans un club à côté de chez moi, à Ribécourt, dans l’Oise. Un mois plus tard, j’ai participé à une sélection régionale, j’ai ensuite fait un stage national à Bordeaux avec Stéphane Faure et j’ai intégré l’équipe de France cadette l’été suivant. Ensuite, j’ai fait une année à l’INSEP, en 1997-1998, et trois ans au CNVB.

Comment as-tu alors débuté en pro ?
Au bout de ma dernière année au CNVB, aucun club ne voulait de moi, je me suis retrouvé à Saint-Quentin, en Pro B, sur un poste à la fois de central et de réceptionneur/attaquant, mais comme j’avais rencontré un agent en Italie lors de mon dernier championnat du monde cadets, avec qui j’étais resté en contact, je lui ai envoyé une cassette VHS, il m’a alors proposé de venir faire des tests en Italie. J’ai été à Vérone et Cuneo, Trévise m’a acheté à Saint-Quentin pour me prêter à Vérone, je suis passé de la Pro B à la Serie A1 en quelques semaines.

Le début d’une longue série de clubs…
Oui, j’ai fait Vérone, Trieste, Cuneo, où je n’ai pas énormément joué, si bien que je suis rentré en France avec mon ami Pierre Pujol pour deux saisons à Poitiers. Après, suite à notre belle épopée en équipe de France sur la Ligue Mondiale 2006, j’ai reçu plein d’offres et je suis retourné en Italie, à Milan, puis, je suis allé en Pologne, conseillé par Stéphane Antiga qui me disait alors que ce pays, c’était le futur du volley, il n’a pas eu tort. Une année à Jastrzebski, puis une au Panathinaïkos, en Grèce, et une en Russie, à Odintsovo. Après, je suis retourné en Pologne, à Zaksa, pour jouer avec Antonin Rouzier, j’ai ensuite voulu prendre le large, ça correspondait à la fin de mon parcours en équipe de France, et j’ai eu une proposition pour aller en Argentine, ce qui m’a permis de voir autre chose, d’apprendre une nouvelle langue et de rencontrer ma compagne, c’était une belle expérience de vie. Au bout d’un an, j’ai eu envie de revenir dans mon pays et j’ai joué avec mon copain Pujol à Cannes, une année compliquée. J’ai alors eu une proposition des Emirats et j’ai fait quelques mois à Abu Dhabi avant de me faire virer, je suis alors reparti en Pologne, j’ai fini la saison à Czestochowa, avec un entraîneur qui avait deux ans de plus que moi (Michal Bakiewicz) et qui avait été longtemps mon adversaire. J’ai enchaîné trois dernières années à Varsovie avec mon copain Zagumny, avec qui j’avais déjà joué en Grèce et à Zaksa. La dernière année, j’ai été entraîné par un autre copain, Stéphane Antiga, je savais que je n’allais pas jouer beaucoup, ce qui était nouveau pour moi.

Si je te demandais de choisir un ou deux meilleurs moments dans ce parcours en club ?
Je n’ai pas gagné grand-chose, donc je vais dire mon seul titre, la Coupe de Grèce avec le Panathinaïkos contre l’Olympiakos, c’est ma seule médaille d’or. Après, il y a aussi mon premier point en A1 en Italie contre Cuneo de Frantz Granvorka : une balle sur P1, le passeur me donne la balle, j’ai donné tout ce que j’avais en attaquant du milieu du terrain, j’ai fait mon point et je suis retombé un peu de l’autre côté, je me suis retrouvé face à Igor Omrcen qui mesurait 2,08 m et m’a regardé un peu bizarrement. J’ai baissé la tête et je suis rentré dans mon terrain, je m’en souviens encore très bien.

Tu as connu beaucoup de clubs, un hasard ou parce que tu avais la bougeotte ?
Un peu des deux. Dans certains clubs, j’ai été parfois confronté à des problèmes financiers qui font que je n’ai pas pu rester, ça a été le cas à Milan, en Grèce où ça s’est même terminé au tribunal, en Russie, en Argentine… Je ne vais pas dire que je suis le chat noir des clubs, mais Trévise à qui j’ai appartenu n’existe plus, Cuneo non plus, Milan a fait banqueroute après mon passage, le Panathinaïkos a eu de longues années de problèmes financiers, le club russe n’existe plus, le club argentin non plus, donc où j’allais, ce n’était pas bon de passer après moi (sourire)

"L'équipe de France, un grand merci"

Que gardes-tu de tes quelques 200 sélections en équipe de France ?
Je ne sais pas si c’est 203, 205, moi je les avais comptées une par une et j’arrivais à 202, mais ce n’est pas grave, l’important était de dépasser la barre des 200. Ce que j’en garde, c’est d’abord un grand merci, c’est quelque chose d’extraordinaire. Le maillot, l’hymne, les voyages, la palpitation, la tension et le stress des compétitions que tu n’as pas avec la même intensité en club, et la reconnaissance d’un pays quand tu fais de bons résultats, j’ai la chance d’avoir vécu ça.

Tu as aussi vécu des Jeux pour tes débuts en Bleu, à Athènes, quel souvenir en gardes-tu ?
J’avais été sélectionné trois jours avant de partir, j’étais arrivé au village sans accréditation, j’avais été obligé d’attendre à l’entrée parce que mon nom n’était pas encore sur les tablettes… Je me souviens d’une cérémonie d’ouverture incroyable et d’une première rentrée au service contre la Serbie, avec les genoux qui claquaient tellement j’avais peur, au bout du compte, j’ai pris la bande du fil et j’ai mis un ace. Et j'ai terminé ces Jeux sur deux aces lors d'un match contre la Tunisie un matin, qui comptait pour du beurre parce qu’on était déjà « out ». Philippe (Blain) et Glenn Hoag m’ont fait rentrer au service, j’ai repris une bande de fil et j'ai fait une petite roulette, on a fini les JO là-dessus. C’était très fort, mais j’aurais bien aimé les refaire en ayant un peu plus de bouteille et en les jouant vraiment, parce qu’à l’époque, j’étais remplaçant.

Si tu devais retenir un match en Bleu ?
Un match gagné et un match perdu : le match perdu, c’est la finale de Ligue Mondiale 2006 contre le Brésil, on gagnait 2-0, même si le Brésil a été plus fort, elle me reste en travers de la gorge ; et le match gagné, c’est la demi-finale du championnat d’Europe 2009 contre les Russes à Izmir, avec cette fin de match incroyable (menée 9-14 dans le tie-break, la France s'impose 17-15, photo).

Tu as achevé cette carrière internationale en 2012 après le départ de Philippe Blain, as-tu des regrets de ne pas avoir été plus loin ?
Il y a des cycles qui se finissent, moi, je faisais partie du cycle Philippe Blain. Il y avait des jeunes talentueux qui poussaient derrière ; déjà, mes deux dernières années, c’était un peu plus compliqué pour que je sois sur le terrain tout le temps, cette génération a ensuite montré qu’elle était très forte. Laurent Tillie a pris l’équipe, il a tout de suite fait de bons résultats, il n’a pas eu besoin de faire de changements, donc non, pas de regrets, c’était la suite logique des choses, et bravo surtout aux joueurs d’après.

Peuvent-ils à ton avis aller chercher un podium dans un an à Tokyo ?
J’étais à Berlin pour le TQO, tout le monde me disait que la France était cuite, je leur répondais que les Français n’étaient jamais aussi forts que quand ils sont dos au mur, c’est ce qui s’est passé pendant tout le tournoi, notamment contre la Slovénie, ils ont mérité entièrement leur qualif. Les JO, c’est très compliqué, il y a le village, le rythme d’un match un jour sur deux sans vraiment d’entraînements, je l’ai vu en 2004, eux il y a quatre ans à Rio. Là, ceux qui vont les refaire vont vivre ce que j’aurais voulu vivre, à savoir une première expérience des Jeux où tu en prends plein les yeux et une deuxième où tu sais comment te comporter. Ils ne seront plus dans l’inconnu et je pense qu’ils sont bien partis pour faire peut-être le résultat de leur vie et de l’histoire du volley-ball français.

Tu as arrêté ta carrière il y a deux ans, c’était le bon moment ?
Oui et non. Je pense que j’avais encore quelques bons jours devant moi, même si c’était compliqué de finir certains entraînements et matchs. En fait, j’avais décidé assez tôt d’arrêter, j’en avais parlé en décembre à Stéphane. Je savais qu’il me restait cinq mois, j’ai tout donné pendant ces cinq mois, j’ai fini sur le terrain en jouant bien, en terminant MVP d’un match. J’avais peut-être encore une année devant moi, j’ai eu des propositions, mais j’avais annoncé que j’arrêtais, j’ai tenu parole, c’était mieux comme ça.

Savais-tu alors ce que tu voulais faire ?
Oui, étant dans le volley depuis longtemps, je connaissais le fonctionnement des joueurs, des recrutements… J’avais déjà aidé quelques copains à placer des joueurs, donc je me suis dit autant continuer mais en en faisant mon métier, je suis donc devenu agent sportif. J’ai passé ma licence FIVB l’année dernière, je travaille de plus en plus, je me suis modernisé avec un site internet et j’essaie d’aller chercher des jeunes talents en qui je crois.

Si tu devais retenir un joueur et un entraîneur qui ont compté pendant tes 17 ans de carrière pro ?
Je t’en donnerais plusieurs : pour ce qui est des entraîneurs, Philippe Blain et Roberto Santili, que j’ai eu à Pologne à Jastrzebski et en Russie. Au niveau joueurs, il y a eu plusieurs époques : Granvorka et Giba pour ce qui est du début de carrière, j’ai joué avec les deux, Antiga et Pujol pour mes années en France et en équipe de France, Zagumny pour la fin de carrière, nous sommes devenus très proches.

Quel est le sentiment au final quand tu te retournes sur ta carrière ?
Des frissons, parce que j’ai aimé ça et que ça me manque. Je suis content d’avoir eu le courage de partir tôt, y compris dans des pays compliqués. J’aurais aimé gagner un peu plus, parce que j’ai joué dix-huit finales et je n’en ai gagné qu’une seule, mais je suis quand même très content de cette carrière.