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13/08/2022
Lézana Placette/Alexia Richard : « On peut viser un Top 5 »
Après avoir disputé cette semaine les qualifications du tournoi Elite 16 (le plus haut niveau mondial) du Beach pro Tour, Lézana Placette et Alexia Richard attaquent mardi prochain les Championnats d’Europe de beach-volley de Munich. L’occasion pour les n°1 tricolores de revenir sur leur progression et d’afficher leurs ambitions.
Quel bilan faites-vous de votre première partie de la saison ?
Lézana Placette :
C’est notre meilleure saison sur le circuit international, nous avons commencé par deux qualifications pour le main draw des Challenger (deuxième niveau du Beach Pro Tour derrière les tournois Elite 16) d’Itapema et de Doha, nous avons ensuite fait une cinquième place à Espinho, notre meilleur résultat sur un Challenger, nous venons de participer à notre premier tournoi Elite, ; nous avons perdu au deuxième tour de qualifications, mais on a montré de belles choses, on sent qu’on progresse et ça se voit aussi sur les résultats, donc on est contentes.

Vous avez aussi disputé vos premiers Championnats du monde à Rome avec une qualification pour les 16e de finale à la clé, qu’en gardez-vous ?
Alexia Richard :
Ça s’est super bien passé, on a réussi à sortir des poules, on perd 21-19, 22-20 contre les championnes du monde en titre, puis contre les Suisses championnes d’Europe au tie-break en menant 12-10, on craque un peu sur la fin, c’est sans doute lié encore à un manque d’expérience, mais on fait une super compétition, avec de belles performances sur le terrain, si bien que tout le monde commence à regarder de plus près et d’un œil différent notre équipe et le niveau français en général. On n’a eu que des retours positifs des staffs des autres équipes.
L.P. : En poule, sur le premier match, on a battu les Allemandes Laboureur/Schultz qui avaient atteint la finale du Challenger e Doha quelques semaines avant, c’était une sacrée performance, on a aussi battu les Australiennes qui étaient certes moins bien classées que nous, mais sont quand même une très bonne équipe, donc pour des premiers Championnats du monde, c’était une super expérience, on a montré que la France était présente au niveau international et qu’on arrivait petit à petit à se faire une place dans l’élite du beach-volley international.

Vous avez effectivement franchi un cap cette saison, comment expliquez-vous cette progression ?
L.P. :
Ça fait maintenant quelques années qu’on travaille avec nos coaches brésiliens, Lissandro (Carvalho) et Elmer, au début, on voyait qu’on progressait, mais ça ne se concrétisait pas vraiment sur le terrain. Là, depuis un an, on a senti un déclic, on arrive à jouer plus libérées, notre niveau de jeu est beaucoup plus stable.
A.R. : On s’est aussi fait accompagner d’un préparateur mental, d’un diététicien, on a mis toutes les forces de notre côté depuis quasiment deux ans, on sait que ça ne peut pas marcher du jour au lendemain, tout ce travail paie sur le long terme et là, c’est vrai qu’on commence petit à petit à sentir ce retour sur investissement, ça fait plaisir de montrer un niveau stable, alors qu’avant, on avait plus de fluctuations. Cette stabilité de jeu est vraiment ce qui nous manquait.

Et que vous manque-t-il désormais pour jouer des podiums ?
A.R. :
Le plus dur est de croire qu’on peut le faire, de se dire qu’on peut viser des Top 5 et des podiums, donc on travaille sur ça, et on en voit quand même les résultats cette année. Après, il nous manque encore sans doute un peu d’expérience, mais on sent qu’on s’en approche.
L.P. : Au plus haut niveau, il y a beaucoup d’équipes qui sont depuis très longtemps sur le Beach Pro Tour, ou alors des équipes émergentes composées d’une joueuse d’expérience et d’une jeune. Nous, on est deux jeunes, on se construit ensemble, c’est une route un peu différente, mais qui marche bien. On sent qu’on prend petit à petit de l’expérience, qu’on arrive à mettre des choses en place, on est sur le bon chemin.
A.R. : On peut toujours aussi améliorer la technique, c’est ce qu’on travaille tous les jours, mais on a déjà atteint un niveau technique très correct, donc c’est plus sur des détails que ça se joue : le mental, l’approche et le management des matchs, les finitions…

Etes-vous aujourd’hui 100% dédiées au beach-volley ?
A.R. :
Non, Lezana continue ses études (master de management à l’EM Grenoble), moi, je suis en CIP (chargée de communication chez Sport To Be (société qui propose du sport en entreprise/studio et des vidéos de sports réalisées par des sportifs de haut niveau), donc on n’est pas 100% professionnelles, mais on est en route vers la professionnalisation, et plus on progressera en termes de résultats, plus on gagnera d’argent, c’est l’objectif d’atteindre ça. Après, on a la chance d’avoir de super aménagements, que ce soit moi pour le travail et Lézana pour l’école, qui nous permettent de bien nous préparer pour les compétitions. On a aussi créé notre propre association Pari 2024 pour accompagner notre carrière, ça nous prend un peu de temps, il faut chercher des sponsors, mais ça fait aussi partie de la vie de sportif de haut niveau. Ça nous tient aussi à cœur de développer le beach-volley en France et à l’étranger, ce qu’on essaie de faire via l’organisation de journées de team buildings et de stages découverte.
L.P. : C’est assez intéressant de toucher à tous les aspects du sport de haut niveau, pas que le terrain.

Sentez-vous que le beach-volley commence à être un sport davantage reconnu ?
A.R. :
Oui, on voit déjà que le nombre de licenciés augmente, on sent que l’intérêt des gens est plus important. Maintenant, quand on parle de beach-volley, beaucoup savent que c’est du 2 contre 2, et non plus uniquement le sport de plage. Et l’Elite 16 de Paris fin septembre qui regroupera les meilleures équipes mondiales à Roland-Garros va aider à faire parler plus du beach-volley, les organisateurs sont en train de faire une super communication autour de l’événement. Après, on sait qu’il y a encore du travail, on le voit notamment quand on joue dans certains pays, comme cette semaine à Hambourg : rien que pour le tournoi de qualifications en pleine semaine, le stade était plus qu’à moitié rempli, c’est assez énorme.

Parlons des Championnats d’Europe de Munich qui sont particuliers cette année, puisque plusieurs autres sports sont concernés, est-ce que cela leur donne une dimension supplémentaire ?
L.P. :
Ce sont effectivement des Championnats multi-sports, mais nous, on y va vraiment avec l’objectif de ne se concentrer que sur notre compétition, on va retrouver les mêmes équipes que d’habitude, on va essayer de rester concentrées dans notre bulle.
A.R. : En revanche, pour les spectateurs, c’est sympa parce qu’ils peuvent assister à différents sports au même endroit.

Que vous inspire votre poule, avec un premier match mardi contre les Finlandaises Taru Lathi/Anniina Parkkinen (n°19) avant une opposition le lendemain contre les Lettonnes Anastasija Kravcenoka/Tina Graudina (n°3) ou les Danoises Clara Windeleff/Sofia Bisgaard (n°30) ?
L.P. :
On sait que ce sera très relevé, parce qu’il y a un très bon niveau de beach-volley en Europe, les Finlandaises ont très bien marché il y a quelques années, moins récemment à cause de blessures et une des joueuses est revenue en début de saison après avoir eu un enfant. Vu nos performances et le niveau qu’on a montré récemment, on est assez confiantes.
A.R. : Et de toute façon, peu importent les adversaires, que ce soient les Finlandaises, les Lettonnes, les Danoises, il faut qu’on soit à notre meilleur niveau, on se connaît toutes, on se rencontre ou se voit jouer souvent sur le circuit, on n’a pas d’appréhension, on y va pour chercher un bon résultat.

Vous fixez-vous un objectif précis à Munich ?
A.R. :
Si vous nous aviez demandé ça il y a deux ans pour nos premiers Championnats d’Europe (9e place), on aurait répondu que l’unique objectif est de prendre les matchs les uns après les autres pour ne pas se mettre de pression, là, on travaille justement sur le fait de définir des objectifs en étant à la fois réalistes et ambitieuses. Donc on a envie d’aller chercher un Top 5. On ne se met pas non plus de la pression par rapport à ça, mais on se dit que notre niveau peut nous permettre de viser un tel résultat.

Le prochain grand objectif après ces Championnats d’Europe, ce sera le tournoi Elite 16 de Paris ?
L.P. :
Oui, exactement, on a hâte de jouer à domicile. D’autant qu’on a une wild-card ce qui nous permet d’entrer directement dans le main draw.
A.R. : On a effectivement hâte d’y être, une grande partie des membres de notre association Pari 2024 sera là, il y aura les partenaires fédéraux, la Fédération, nos partenaires à nous, c’est un grand rendez-vous qui a pour objectif de réunir du monde, les passionnés de beach-volley, mais pas seulement, dans un lieu mythique.
L.P. : Ce n’est pas juste un tournoi sportif, c’est un événement à part entière.

Paris accueillera ensuite les Jeux Olympiques dans deux ans, une équipe française sera qualifiée d’office (plus éventuellement une deuxième via le classement olympique), existe-t-il aujourd’hui une concurrence interne avec l’autre paire de l’équipe de France, composée d’Aline Chamereau et de Clémence Vieira ?
A.R. :
Il y a forcément un peu de concurrence si on se retrouve les unes contre les autres sur le terrain, mais, à côté, on travaille bien ensemble, et surtout, il ne faut pas se tromper d’objectif : l’objectif, ce n’est pas d’être l’une devant l’autre, c’est de qualifier les deux équipes, donc de faire en sorte de décrocher les meilleurs résultats possibles d’ici là.

Outre Lézana Placette et Alexia Richard, deux autres paires tricolores sont en lice lors des Championnats d'Europe de Munich : Aline Chamereau et Clémence Vieira côté féminin, qui elles attaquent la compétition lundi 15 août par un match contre les têtes de série n°1 du tournoi, les Allemandes Svenja Müller/Cinja Tillmann, avant d'affronter le 17 soit les Finlandaises Niina Athiainen/Wilhelmiina Prihti (n°16) soit les Espagnoles Daniela Alvarez/Tania Moreno (n°17). Chez les hommes, Arnaud Gauthier-Rat blessé (il sera de retour à Roland-Garros), Youssef Krou fera équipe avec Quincy Ayé. Dans la poule D, ils joueront leur premier match le 16 août contre les têtes de série n°13, les Autrichiens Martin Ermacora/Moritz Pristauz, avant d'affronter le lendemain les Tchèques Ondrej Perusic/David Schweiner (n°4) ou les Allemands Robin Sowa/Lukas Pfretzschner (n°29).