Ce dernier le fait en effet passer avec bonheur de réceptionneur-attaquant à pointu, le Réunionnais achevant sa première « vraie » saison avec le titre de meilleur pointu de Ligue A, avant d’enchaîner la suivante avec le premier titre de champion de France de l’histoire de Chaumont et une finale de la Challenge Cup, puis, en 2017/2018, malgré l’échec du CVB 52 en finale du Championnat et de la Coupe, par un titre de MVP de la saison, confirmant l’énorme potentiel d’un joueur qui, lorsqu’on lui parle de son rôle de pointu, explique : « Pointu, c’est le joueur des situations compliquées et des moments chauds, le gros bras de l’équipe, le « boucher ». J’aime tous les gestes, du moment que la balle est par terre ! » Le tout dit dans un grand sourire carnassier…
En équipe de France aussi, la progression a été fulgurante, puisqu’il a honoré sa première sélection en cadets alors qu’il venait tout juste de débarquer de La Réunion, formant alors « une bonne bande de potes » avec Daryl Bultor, Jean Patry, plus tard Barthélémy Chinenyeze. En mai 2016, il met un premier pied dans la « grande » équipe de France lors de la préparation du TQO de Tokyo, une convocation qui le renvoie quelques années en arrière : « Ça m’a fait un choc car je me suis alors vu assister six ans plus tôt à un match France-Chine à La Réunion, auquel avaient participé Earvin (Ngapeth) et Benjamin (Toniutti). Là, je me retrouvais au milieu d’eux, c’était magique ». Un an plus tard, il débute en amical contre la Belgique, avant de se révéler lors du Tournoi de qualification au Championnat du monde de Lyon, qu’il survole de sa puissance et de son insouciance, puis de confirmer aux yeux du monde entier en Ligue Mondiale. « Je ne m’attendais vraiment pas à ça, tout s’est très vite enchaîné, la qualification pour le Championnat du monde puis la victoire en Ligue Mondiale, j’ai eu du mal à réaliser ».
Devenu un joueur épié et craint par ses adversaires, celui qui a réussi une première saison très convaincante en Italie (à Vérone) sait qu’il est désormais attendu au tournant en équipe de France : « C’est ce qui m’était déjà arrivé avec Chaumont, j’avais vu la différence entre la première et la deuxième saison, c’était beaucoup plus dur parce que tout le monde avait étudié mon jeu à la vidéo. A moi de bosser deux fois plus pour garder un pas d’avance, et de toute façon, l’équipe ne repose pas que sur moi », conclut le Réunionnais, bien décidé à continuer à frapper fort, aussi bien individuellement que collectivement, avec dans son viseur deux objectifs majeurs, la qualification olympique et l'EuroVolley en France.
Un surnom : « La Boye ».
Stephen et le sport : « Je ne regarde pas trop le sport, de temps en temps un match de foot avec les copains, mais ça ne va pas plus loin. Quand j’étais plus jeune, j’étais quand même fan d’Earvin et des Réunionnais du hand, Daniel Narcisse en particulier. Par contre, j’aime beaucoup la pêche, ça me permet de me déconnecter du monde. A La Réunion, j’ai grandi dehors, dans la nature, j’ai besoin de ça, donc la console, ce n’est pas pour moi ! »
L’œil de Laurent Tillie : « Il avait effectué une saison 2016/2017 pleine à Chaumont, il a confirmé la suivante en portant son équipe à l’attaque, il n’a pas fléchi et a continué à prendre de l’importance en club, ne cessant de progresser, il a notamment réussi une très bonne première saison en Italie. C’est un pointu très propre et agressif au bloc avec des qualités physiques extraordinaires, un gros « jump », une puissance et une vitesse très intéressantes, il doit encore travailler sur la régularité et sur certains angles ».