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En attendant, l’entraîneur des Bleus a accepté de revenir sur ses huit années à la tête d’une équipe qui, entre 2012 et 2020, aura enthousiasmé la planète et remporté les premiers titres du volley français, avec à la clé un très bon bilan de 170 victoires pour 62 défaites (soit 73% de victoires).
2012 : "Quand je suis arrivé à la tête de l’équipe de France, les joueurs étaient très abattus par la non-qualification pour les JO de Londres et il y avait un peu une lutte de générations. C’est pour ça que j’ai décidé de fixer mon premier rendez-vous avec eux le jour de l’ouverture des Jeux de Londres, c’était l’occasion de leur dire que s’ils voulaient aller aux JO quatre ans plus tard, ils devaient s’engager à fond dès à présent, à l’entraînement, pendant les stages et les matchs. Dès le début, j’ai mis en place des systèmes d’entraînement qui obligeaient les joueurs à performer ensemble et donc à travailler l’esprit d’équipe, j’ai supprimé les statistiques individuelles, car ce qui m’intéressait, c’était de gagner en équipe."
2013 : "Dès le début de la saison, j’ai distribué au groupe un plan détaillé avec les étapes pour essayer de se qualifier à Rio : une 5e place au Championnat d’Europe 2013, une demi-finale au Championnat du monde 2014, un podium au Championnat d’Europe 2015… On commence par une Ligue Mondiale un peu compliquée, mais on arrive à gagner au Brésil en fin de compétition, ce qui a été une première marche pour cette jeune équipe, sachant que je m’étais basé sur la génération 1989-90. Ensuite, sur le Championnat d’Europe, on signe une magnifique cinquième place en perdant en quarts 3-1 contre la Russie après un match extraordinaire. J’étais resté jusqu’à la finale et j’avais reçu les compliments pour notre qualité de jeu de la part de tous les entraîneurs des équipes présentes. Le premier objectif était atteint."
2014 : "L’année a été difficile au début parce que nous ratons notre objectif de monter en première division de Ligue Mondiale sur le dernier match face à l’Australie (3-2). Par contre, nous avons fait un Championnat du monde extraordinaire qui a finalement été le vrai départ de notre aventure, puisque nous avons atteint les demi-finales, battus de justesse 3-2 par le Brésil, avec un style de jeu, des victoires sur les Etats-Unis, les Serbes. C’était une énorme compétition pendant laquelle tout le monde a apporté."
2015 : "Forcément une année très aboutie. On gagne la deuxième division de Ligue Mondiale, on enchaîne directement sur la phase finale de première division et on remporte le tournoi au Brésil, en battant le Brésil 3-1 chez lui, la Pologne 3-2 en demi-finale puis la Serbie 3-0 en finale. Ça a été le premier titre de l’équipe de France, les marches entre une troisième et une première place sont exponentiellement plus hautes, donc remporter une médaille d’or, c’est une incroyable consécration. Et derrière, on enchaîne en gagnant le Championnat d’Europe, on était dans une certaine euphorie, on avait confiance en nous et surtout, on n’a pas lâché. Pendant la préparation, qui avait duré sept semaines, et pendant la compétition : on gagne contre l’Italie en poule et la Bulgarie en demi-finale chez elles en étant à chaque fois menés 2-0. Cette demi-finale en Bulgarie a été un match d’enfer. Ensuite, il fallait gagner la finale, on le fait 3-0 contre la Slovénie, c’était une énorme récompense."
2016 : "Un vrai parcours du combattant pour aller aux Jeux : on joue le TQO de Berlin en janvier, on bat les Russes, les Bulgares, les Polonais, et on perd 3-1 en finale contre la Russie. Ça ne nous qualifie pas mais ça sauve notre place pour un dernier tournoi fin mai très long au Japon qu’on gagne, c’était interminable. Cette qualification est un soulagement, on enchaîne sur une troisième place en Ligue Mondiale loin d’être anecdotique, mais les Jeux sont arrivés trop vite derrière. On n’a pas réussi à décompresser mentalement et on est arrivés trop sûrs de nous. On avait légitimement le droit de rêver à un podium par rapport à nos résultats précédents, mais un premier match des Jeux Olympiques, c’est une marche encore plus haute que les matchs à podium ou à médaille d’or dont je parlais. C’est un autre niveau et on l’a manqué contre l’Italie. Après, les matchs contre les Etats-Unis et le Brésil basculent pour un cheveu en leur faveur, on a fait notre travail, mais ça n’a pas suffi pour sortir de la poule."
2017 : "On a une première échéance primordiale, la qualification pour le Championnat du monde 2018 à Lyon, avec une équipe renouvelée à plus de 50%, entre l’arrêt de certains, les blessures des autres, et on y arrive en battant les Allemands 3-0 lors du dernier match. Deuxième performance, on va gagner la Ligue Mondiale au Brésil en battant les Brésiliens en finale, avec un gars de 19 ans sur le terrain, Barthélémy Chinenyeze, et Earvin (Ngapeth) qui ne joue que les deux derniers matchs, parce qu’il était blessé. C’est la première fois que l’ossature 1989-1990 est associée avec des joueurs plus jeunes, les Clevenot, Rossard, Boyer, Chinenyeze, Brizard… A ce moment, je me dis déjà qu’il y a de quoi prolonger ce collectif dans la perspective de Paris 2024. Malheureusement, on fait une contre-performance au Championnat d’Europe, on a peut-être pensé que les jeunes allaient venir plus vite, l’amalgame s’était fait, mais n’a pas été suffisant pour qu’il y ait une continuité dans les résultats, ce qui a engendré une grande frustration. On a oublié que le haut niveau, c’est un combat permanent."
2018 : "Dans l’évolution que nous avions souhaitée dans la perspective de l’EuroVolley 2019 en France, mais aussi plus loin, de Paris 2024, c’était important, à la fois d’un point de vue sportifet événementiel, d’organiser la phase finale de la Ligue Mondiale chez nous, à Lille, et tout autant important de performer, pour apprendre à gagner sur une grosse compétition devant notre public. Nous y sommes arrivés en prenant la deuxième place après une extraordinaire demi-finale face aux Américains, même si nous sommes ensuite balayés par les Russes qui étaient plus forts que nous. Ensuite, sur le Championnat du monde, on fait une belle préparation, mais perturbée à la fin par les blessures d’Earvin et de Kévin Le Roux. Sur cette compétition, on a manqué un peu d’agressivité, la preuve, on est l’équipe qui a perdu le plus de tie-breaks, on s’aperçoit qu’on n’a pas de marge. Notre niveau de jeu était instable pour faire le résultat qu’on espérait, il nous a manqué une grosse perf pour passer en phase finale."
2019 : "Une longue saison. On se sert de la Ligue Mondiale pour préparer les deux échéances les plus importantes, le TQO en Pologne et le Championnat d’Europe en France. Malgré cela, on réussit à se qualifier pour la phase finale à Chicago. Ensuite, on prend une grosse claque au TQO contre la Pologne, on ne se qualifie pas pour les Jeux, ça provoque une grosse remise en question pour tout le monde, joueurs et staff, dans le but de performer sur le Championnat d’Europe, sur lequel il y avait un gros enjeu, à la fois économique et de communication, parce qu’on visait une médaille. A l’arrivée, ce tournoi a été vraiment crescendo, à la fois dans la qualité de notre jeu et du soutien qu’on a reçu du public. Montpellier, Nantes, Bercy, ça a été une apothéose pour le volley-ball français, malheureusement, on a cette demi-finale contre les Serbes qui nous arrache le cœur. Kevin Tillie se blesse contre l’Italie, Julien Lyneel, qui faisait un tournoi extraordinaire, pendant cette demi-finale, on tient pendant deux heures et quart et on lâche deux minutes en début de tie-break. On perd ensuite contre des Polonais plus forts que nous. On ressort avec la frustration de ne pas avoir eu la médaille qu’on voulait, mais au niveau du style de jeu et de l’engouement autour de nous, cet Euro aura été une réussite. Parfois, il ne faut pas que regarder les médailles et je crois que cette équipe de France fait passer des émotions qui donnent envie de la suivre."