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(Miniature) L'interview bleue : Héléna Cazaute
Photo : legavolleyfemminile.it
05/11/2021
L'interview bleue : Héléna Cazaute
Après une saison exceptionnelle avec Mulhouse, Héléna Cazaute a franchi les Alpes pour tenter l’aventure dans le prestigieux championnat italien. La capitaine de l’équipe de France a posé ses valises à Chieri, où elle effectue des premiers pas impressionnants.
Es-tu heureuse de ton début de saison en Italie ?
Oui, je suis évidemment super contente. On a eu des résultats un peu mitigés avec notamment une défaite contre Vallefoglia qui est difficile à avaler, mais on a su réagir par la suite contre Busto Arsizio et Trentino. C’est le plus important. La saison est encore longue, mais il y a beaucoup de choses positives.

Sur le plan personnel, tu as débuté par un trophée de MVP dès la 1ère journée puis tu as moins joué par la suite…
Je me suis fait un petit peu mal au genou lors de la 2e journée contre Monza, j’ai loupé quelques jours d’entraînement. Les examens ont montré une petite inflammation au niveau du ligament latéral, ce qui n’est rien de bien grave. J’ai pu reprendre les entraînements normalement il y a une semaine. J’espère pouvoir jouer plus régulièrement dans les semaines à venir.

Vu ta performance du week-end dernier, avec 20 points et un deuxième titre de MVP en cinq journées, il y de quoi être rassuré…
C’était un match très intense, contre une équipe qui défend énormément, il a fallu être patiente. L’entraîneur m’a fait rentrer sur la fin du premier set, j’avais vraiment envie d’apporter beaucoup d’énergie sur le terrain et de donner le meilleur de moi-même. On perd malheureusement le set 32-30 mais ensuite nous avons pu dérouler notre jeu, avec moins de fautes directes et une meilleure qualité de service. Mon genou m’a laissé tranquille, je suis maintenant à 100%, j’espère donner encore plus à l’équipe quand j’en aurai l’occasion.

Tu avais dit que le championnat italien était le championnat de tes rêves, maintenant  quetu y es, comment le trouves-tu ? Y’a-t-il quelque chose qui t’a surpris ?
Si l’on compare avec la France, on voit déjà que c’est un championnat beaucoup plus physique. Les filles tapent plus fort, et surtout, les rallyes sont beaucoup plus longs, les filles défendent comme jamais ! Les rallyes qu’on peut voir une fois ou deux par match en France, c’est pratiquement à chaque point en Italie. En termes de bloc/défense, c’est beaucoup plus impressionnant qu’en France.

Amandha Sylves, qui a rejoint Florence, nous disait que c’était un championnat très homogène, où chaque match est un combat. Tu confirmes ?
Oui ! On l’a encore vu avec notre victoire contre Busto Arsizio, qui était invaincu jusqu’ici. Pour l’instant, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de bas de tableau ou de milieu de tableau. Toutes les équipes sont dangereuses, avec leurs qualités. Il ne faut prendre personne à la légère, c’est sûr qu’Amandha a raison sur ce point. En France, on voit vite les équipes qui vont jouer le haut de tableau, le milieu et le bas. En Italie, tout le monde se bat à tous les niveaux.

Quel est l’objectif de Chieri ? Retourner en playoffs ?
Les playoffs, c’est l’objectif évident. On aimerait accrocher le Top 5. L’année dernière, les filles avaient terminé sixièmes, à un point du cinquième. C’est ce qui nous a privées de Coupe d’Europe pour cette année. Pour la saison prochaine, c’est un bel objectif.
"En Italie, on peut s’améliorer partout"

Tu as 23 ans, tu as été élue MVP du championnat de France. C’était le bon moment pour partir à l’étranger ?
En France, je pense que j’avais fait un peu le tour. J’ai quand même connu trois clubs, où je suis restée deux à trois ans à chaque fois (Béziers, Cannes puis Mulhouse, ndlr). J’ai atteint une certaine maturité, à la fois dans ma tête et dans mon jeu. Je pense que j’ai fait le bon choix. On m’a demandé pourquoi je n’étais pas partie plus tôt, mais je pense qu’il fallait attendre le bon moment, être vraiment prête dans sa tête et dans son volley. Après l’année qu’on a faite à Mulhouse, avec la victoire en championnat et la Coupe de France, je pense que c’était le bon moment.

Dans quel domaine espères-tu progresser ici ?
En Italie, on peut s’améliorer partout. Ce que j’ai dit à mon coach, c’est que j’aimerais d’abord progresser au bloc. Mais dans tous les secteurs de jeu, on peut travailler. A l’attaque, comme c’est beaucoup plus physique en face, il faut pouvoir trouver d’autres solutions, avoir plus de cordes à mon arc en faisant le block-out, la feinte, etc. Et puis au service, je peux continuer à progresser.

Quel est le plus difficile quand on passe d’un club français à un club étranger ?
Pour l’instant, il n’y a pas grand-chose qui m'a vraiment surprise ou déplu. Il faut dire que j’ai travaillé pendant plusieurs années avec des entraîneurs italiens, donc j’ai déjà pu goûter à leurs méthodes. En plus, Giulio Bregoli parle français (l’entraîneur de Chieri a longtemps coaché en Ligue A, à Saint-Raphaël, ndlr), donc s’il y a des choses que je ne comprends pas, ou s’il y a des choses un peu plus pointues, il peut m’expliquer en français. Sinon, il n’y a pas une très grosse différence avec ce que j’ai pu voir en France avec mes entraîneurs italiens.

Au niveau de la communication, cela se passe comment ?
Je parle un petit peu italien et j’essaye de prendre des cours. J’avais déjà pu le travailler un petit peu en France avec mes coachs. Sinon, on parle italien ou anglais dans l’équipe. En général, j’arrive comprendre ce qu’explique Giulio en italien.

Tu partages tes impressions avec Amandha Sylves et Lucille Gicquel, qui sont également en Serie A ?
Oui, bien sûr. L’autre jour, on a eu deux journées de libre, un dimanche et un lundi, j’ai pu aller à Florence parler avec Amandha. Après, on ne joue pas dans les mêmes clubs, donc les retours sont un peu différents, et Amandha est quelqu’un d’un peu plus timide, qui a besoin de temps pour se mettre dans le bain. Mais c’est compliqué pour nous, Françaises, parce qu’on est les seules dans notre équipe, il faut qu’on s’intègre. Mais franchement ça va, ça s’est plutôt bien passé pour toutes les trois. On se parle pratiquement toutes les semaines, voire tous les trois jours, par textos. On est super contentes, tout se passe bien.

Tu es donc à Chieri. Comment est la ville ?
C’est à environ 20-30 minutes de Turin. Je suis en plein centre-ville, c’est cool, tout se passe ici, je n’ai pas besoin de prendre la voiture pour me déplacer. J’ai pu visiter la région. Ma famille est venue me voir, ma sœur, avec mes neveux et nièces. On a pu se balader à Turin, ils ont été à Asti. C’est un peu la campagne ici, il y a de quoi se promener, faire quelques petites randos.

Selon la page Wikipedia, la spécialité de la ville est la focaccia sucrée, une sorte de brioche. Tu as pu goûter ?
Non ! Mais l’autre jour, on est passés devant une boulangerie italienne, il y avait cette focaccia sucrée, et je ne connaissais pas du tout. J’ai demandé à mon kiné, il m’a expliqué que c’était la spécialité d’ici. Il faudra que j’essaye. Mon kiné m’a dit que c’était meilleur avec du Nutella dessus, mais on ne va pas en abuser (rires).

"Avec les Bleues, le travail commence enfin à payer"

Parlons de l’équipe de France, pour finir. On suppose que ton départ en Italie doit te permettre de continuer à grandir en tant que joueuse, ce qui ne peut que profiter aux Bleues ?
Oui, c’est évident. C’est ce qu’on avait en tête avec « Lulu » et Amandha, partir pour découvrir un championnat supérieur, progresser, travailler avec des nouveaux entraîneurs et des techniques différentes. Ça doit nous enrichir en tant que personnes et en tant que joueuses. En Italie, il faut trouver plus de solutions. En France, tu peux pratiquement faire la même chose tout le temps et ça passe. Ici, il faut vraiment avoir une palette plus développée.

Tu sors déjà d’un excellent Euro, à la fois sur le plan personnel et sur le plan collectif…
On ne s’attendait pas à arriver jusqu’en quarts de finale. On a réussi à accrocher un set à la Serbie, on est contentes de ce qu’on a fait. Mais on a pris un set, pas le match ! On retient le fait qu’il y a encore du boulot. Mais c’est vraiment positif, on voit que le travail commence enfin à payer. On va revenir l’été prochain avec la même envie, la même intensité. Et on espère que les résultats vont continuer à suivre. Notre objectif, c’est Paris 2024. Donc on espère faire de meilleurs résultats au fur et à mesure que le temps va avancer.

Dans quel domaine avez-vous franchi un cap cet été ?
Mentalement ! Le fait d’avoir travaillé avec un préparateur mental nous a énormément aidées. Je le voyais déjà pendant la saison, mais il est venu pratiquement un mois avec nous en stage. Les filles qui en ressentaient le besoin ont pu travailler avec lui. On a abordé la compétition d’une autre manière que l’Euro en Turquie il y a deux ans, en se disant que tous les matchs étaient importants, avec exactement le même état d'esprit en rentrant sur le terrain, quel que soit l’adversaire. Que ce soit la Serbie, l’Azerbaïdjan, ou une autre équipe, on rentrait sur le terrain pour gagner. Et ça nous a beaucoup aidées, on était plus concentrées. Si bien que les matchs qu’on devait gagner, on les a gagnés.