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(Miniature) L'interview bleue : Benjamin Toniutti
Photo: VNL
19/07/2022
L'interview bleue : Benjamin Toniutti
Avant le Final 8 de la VNL et le quart de finale face au Japon jeudi, Benjamin Toniutti fait le point sur le début de compétition de l’équipe de France. Malgré un calendrier infernal et des voyages aux quatre coins du monde, le passeur et capitaine des Bleus dresse un bilan satisfaisant.
Comment allez-vous avant le début de la phase finale de la VNL ? Les quelques jours de coupure ont dû vous faire du bien ?
Ça va ! On prépare tranquillement ce quart de finale. C’est sûr que la coupure a fait du bien, notamment dans les têtes. Cela faisait trois semaines et demie qu’on était à l’autre bout du monde avec le décalage horaire, ce n’était pas simple de parler avec la famille, c’était aussi compliqué avec de longs voyages. En plus, le dernier week-end, à Osaka, on a joué quatre matchs en quatre jours à des horaires pas évidents. Cela nous a fait du bien de rentrer chez nous, de retrouver la famille, et cette force qu’elle peut nous donner avant ce Final 8.

Chaque année, la gestion de la fatigue physique et mentale est l’un des enjeux de cette VNL ?
C’est dur de faire pire que ce qu’on a eu cette année ! On est l’équipe qui a eu le pire calendrier, je pense, avec trois longs voyages hors d’Europe, au Canada, aux Philippines puis au Japon. A chaque fois il faut récupérer du voyage, s’adapter au décalage horaire. Le système de la VNL, avec une semaine un tournoi filles et une semaine un tournoi garçons, cela fait que quand tu ne joues pas en Europe tu n’as pas le temps de rentrer. Moi, ça va, j’étais laissé au repos le premier week-end, donc je suis parti un peu plus de trois semaines et demi. Mais certains mecs qui ont fait toute la VNL ne sont pas rentrés chez eux pendant plus de cinq semaines, ou je crois qu’ils n’ont eu qu’un jour et demi quand ils sont rentrés du Canada. C’est difficile, mentalement et physiquement.

Dans ces conditions, on peut tirer un bilan positif de votre début de tournoi, avec 9 victoires et 3 défaites…
Oui, c’est satisfaisant. Surtout que le coach a laissé du repos à certains joueurs, à Trevor (Clevenot), Nico (Le Goff) et moi le premier week-end, à Antoine (Brizard) le deuxième week-end, et Jenia (Grebennikov) ne nous rejoint que maintenant, pour le Final 8. Il y a eu beaucoup de turnover, tout le monde a joué, et on a réussi à être performant avec n’importe quelle équipe sur le terrain. C’est positif. Ça montre que l’équipe de France, ce n’est pas que 14 joueurs, c’est 16 ou 18 joueurs qui sont capables de performer.

"Cette VNL est importante pour trouver des automatismes"

Vous avez cet été un nouveau sélectionneur, Andrea Giani. Avez-vous eu le temps de travailler sur de nouveaux systèmes ?
La VNL, ou la Ligue Mondiale comme on l’appelait avant, ça n’a jamais été la période idéale pour travailler. On peut travailler avant la VNL, mais sinon le travail passe par les matchs, parce qu’on joue beaucoup de matchs en VNL. Cette année, ça allait à peu près, parce qu’on avait un peu de temps entre les semaines de VNL, comme on ne rentrait pas chez nous. Par exemple, on a pu travailler à Okinawa entre les Philippines et le Japon. Mais il faut aussi gérer la fatigue, le physique. Donc vraiment, cette VNL est importante pour jouer, pour trouver des automatismes en match, et après on adapte certaines choses à l’entraînement. Mais la grosse partie du travail se fait en match.

Andrea Giani a dit plusieurs fois que l’objectif de cette VNL était d’apprendre à vous connaître en tant que joueurs mais aussi en tant qu’hommes. Vous avez eu ce temps-là…
Oui, c’était important. On a passé beaucoup de temps ensemble. Il a pu passer du temps avec les joueurs, il a pu communiquer. Andrea, c’est quelqu’un qui discute beaucoup avec les joueurs, qui dit vraiment ce qu’il ressent après un match, ce qu’on aurait pu mieux faire. C’est un apprentissage qui se met en place, et qu’il faut continuer à avoir sur la suite, parce que ce n’est que le début de notre coopération avec lui.

La communication se fait principalement en italien ? Vous êtes nombreux à avoir joué en Serie A, comme toi à Ravenne.
C’est plus simple pour lui de parler en italien, et ensuite il y a un joueur qui traduit pour ceux qui ne le parlent pas. Mais s’il veut parler directement avec un joueur qui ne parle pas italien, il peut parler en anglais aussi. Et je pense qu’il va petit à petit apprendre quelques mots de français, pour donner certaines consignes en français. Mais sur un temps mort où on a assez peu de temps, pour que la communication se fasse plus rapidement, c’est plus facile pour lui de parler en italien pour le moment.

L’avantage c’est que le groupe se connaît bien, ce qui aide à garder quelques repères, malgré le turnover…
C’est vrai qu’on joue ensemble depuis longtemps. Même s’il y a de nouveaux joueurs qui sont arrivés, ils se sont vite intégrés. Globalement, c’est positif toutes ces victoires, même s’il y a eu quelques défaites, ça reste positif surtout si on tient compte de ce turnover qui est nécessaire sur ce type de compétition où il y a beaucoup de matchs et beaucoup de voyages.

Tu l’as évoqué il y a quelques nouveaux qui ont intégré le groupe, comme les centraux, ou Pierre Derouillon. Cela fait toujours du bien d’avoir un peu de sang neuf ?
Ce sont surtout des joueurs qui ont été performants en club et qui méritent leur place en équipe de France. Et en plus ils ont répondu présent quand ils ont joué. Je prends l’exemple de Médéric Henry qui a fait une bonne saison au Plessis-Robinson, ou de Quentin Jouffroy, qui a peut-être un peu moins joué à Narbonne, mais qui a montré lors du premier week-end de VNL, où Nicolas Le Goff n’était pas là, qu’il était tranquillement capable de remplir son rôle sur le terrain, et de sortir de ce week-end avec trois victoires sur quatre. Ça montre que les joueurs français sont bons, et qu’il faut leur faire confiance sur le terrain dans le championnat de France, parce qu’ils ont leur place.

Au niveau de jeu, où est-ce que vous en êtes ? Est-ce que c’est possible de se comparer avec les autres VNL, par exemple ?
Non, c’est compliqué, ce sont des années différentes. Par exemple, on est dans une année post-olympique, donc certaines nations ont des joueurs importants qui ont arrêté, nous on a fait beaucoup de turnover, donc c’est dur de savoir où on est, même si ce Final 8 va nous permettre d’en savoir un peu plus. On n’y pense pas trop de toute façon, ce n’est pas l’objectif, de se comparer aux autres années, il faut surtout être concentré sur le présent, sur ce qu’on peut améliorer, sur les domaines où on peut encore mieux faire. On va faire du mieux possible sur ce Final 8, pour essayer de ramener une autre médaille dans un premier temps, et surtout bien se préparer pour le championnat du monde.

"C'est vraiment dur de jouer contre le Japon"

En quarts de finale, vous affrontez le Japon jeudi, une équipe dirigée par Philippe Blain, qui vous connaît bien. Est-ce spécial de jouer contre un sélectionneur français ?
Ce n’est pas la première fois qu’on joue contre lui depuis qu’il entraîne le Japon, on a déjà joué plusieurs fois contre eux. C’est surtout une équipe qui a beaucoup progressé sur ces dernières années. Certains joueurs sont venus en Europe, et ça a fait progresser toute l’équipe de manière générale. Ils ont fait une super VNL, ils ont battu l’Italie qui était au complet. Ils ont vraiment montré qu’ils avaient leur place dans ce Final 8, et il faudra faire très attention.

C’est d’ailleurs une équipe qui vous avait posé des problèmes aux Philippines ?
C’est une équipe très atypique, ils sont pénibles, ils défendent beaucoup, ils ont un bon rythme de jeu, ils jouent vite. Il faudra être très patients, lucides, il ne faudra pas s’énerver même s’il faut attaquer plusieurs fois avant de faire le point. A Quezon City, on avait gagné 3-0, mais c’était un match difficile, on avait vraiment souffert dans les deux premiers sets pour gagner. On s’en était sortis, mais on s’était dit après le match que c’était vraiment dur de jouer contre eux. C’est usant, mentalement et physiquement, parce que tu as l’impression que la balle ne tombe jamais. Je pense que c’est un peu la même impression que lorsque les autres équipes jouent contre nous.

Est-ce que vous avez regardé la suite du tableau ? Ce pourrait être l’Italie en demi-finale…
Non, on se concentre vraiment sur le Japon. C’est vrai que les Italiens seront favoris contre les Pays-Bas, mais les Néerlandais ont un joueur en particulier qui peut être décisif sur un match (le pointu Nimir Abdel-Aziz, ndlr), donc on verra. Nous, on reste sur le Japon. On joue jeudi soir, et si on gagne on aura la journée de vendredi pour se concentrer sur les demi-finales.

Pour finir, est-ce que tu as ressenti une différence dans le regard des adversaires, ou vis-à-vis des médias ou des spectateurs, depuis que vous êtes champions olympiques ?
Je ne sais pas, c’est vrai qu’on est sans doute un peu plus en mis en avant. Mais c’est quelque chose avec lequel on doit vivre, désormais, et il faut être fier de ça. Il faut être fier de ce titre. Mais ça doit donner une petite motivation en plus à nos adversaires, sans doute, c’est un objectif en plus pour nos adversaires, de battre les champions olympiques en titre. Il faut s’attendre à cela, s’y préparer.