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10/08/2023
Laurent Lecina : « Nous sommes en ordre de marche »
A environ trois semaines du début du championnat d’Europe, Laurent Lecina, le préparateur physique de l’équipe de France masculine, fait le point sur l’état de forme des Bleus, et explique aussi sa méthode, basée sur un contact permanent avec les joueurs pendant toute la saison.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à ce poste de préparateur physique de l’équipe de France ?
Je suis professeur d’EPS à l’université depuis une vingtaine d’années. Je suis devenu préparateur physique en complément, d’abord avec des nageurs internationaux à partir de 2008. J’ai préparé les JO de Londres avec une nageuse, en particulier. Puis à partir de 2012, j’ai débuté dans le volley avec le club de Poitiers après sa relégation, d’abord en Elite, puis en Ligue B et en Ligue A. Ensuite, j’ai été contacté quand Olivier Maurelli a quitté l’équipe de France de volley pour rejoindre l’équipe de France de handball. C’est Earvin Ngapeth qui m’a contacté, je m’étais occupé de lui à plusieurs reprises durant les périodes où il était sans club. J’ai été à deux doigts d’aller aux JO de Tokyo, mais le choix de Laurent Tillie s’est porté sur un autre préparateur physique. Et ensuite, mon nom a été donné à la DTN Axelle Guiguet, et j’ai été choisi pour compléter le staff de Bernardinho à l’été 2021 pendant que l’autre groupe était aux JO.
Vous avez ensuite préparé l’équipe de France A pour l’Euro 2021 avec Bernardinho, et vous êtes resté en place quand Andrea Giani lui a succédé. Comment se passe la collaboration avec lui ?
Andrea est quelqu’un de très charismatique, de très humain. Il est beaucoup dans l’affectif, on échange beaucoup, à tous points de vue. C’est quelqu’un de proche des joueurs, de proche de son staff. Il est facile de travailler avec lui.
Avec les joueurs, votre méthode est de garder le contact avec eux durant la saison en club. Pourquoi ce choix ?
J’ai souhaité mettre cela en place dès la fin du premier Euro, pour essayer de ne pas perdre ce contact qui me semblait important. Cela permet d’évaluer leur état de forme, de suivre les petits pépins physiques qu’ils peuvent avoir, et surtout de connaître la manière dont ils travaillent. Pendant la saison, sur les vacances universitaires, je me déplace dans les clubs, je vais à l’étranger, et je passe du temps là-bas. Cela permet de rencontrer les entraîneurs, et surtout les préparateurs physiques, ce qui m’intéresse le plus. Pour voir comment ils travaillent, et ce qu’ils ont pu déceler sur chacun des joueurs, pour pouvoir les orienter sur un travail de prophylaxie, de prévention des blessures, et connaître les différentes procédures qui leur conviennent le mieux. Maintenant, et depuis un petit moment, j’ai clairement identifié que certains joueurs réagissent mieux à l’approche des matchs à des charges lourdes, alors que certains ont au contraire besoin de travailler la vitesse. Cela permet de sentir ces choses, et c’est mieux de pouvoir échanger avec d’autres personnes pour être sûr de ne pas se tromper.
Et cela permet de gagner du temps au début de l’été ?
Exactement. J’ai au moins un échange toutes les trois semaines avec chaque joueur, pour faire un point, et je sais combien d’entraînement ils ont raté, combien de matchs ils ont raté, à cause de quel problème, et cela me permet de les orienter vers un travail individualisé dès la reprise en équipe de France.
Vous avez ensuite préparé l’équipe de France A pour l’Euro 2021 avec Bernardinho, et vous êtes resté en place quand Andrea Giani lui a succédé. Comment se passe la collaboration avec lui ?
Andrea est quelqu’un de très charismatique, de très humain. Il est beaucoup dans l’affectif, on échange beaucoup, à tous points de vue. C’est quelqu’un de proche des joueurs, de proche de son staff. Il est facile de travailler avec lui.
Avec les joueurs, votre méthode est de garder le contact avec eux durant la saison en club. Pourquoi ce choix ?
J’ai souhaité mettre cela en place dès la fin du premier Euro, pour essayer de ne pas perdre ce contact qui me semblait important. Cela permet d’évaluer leur état de forme, de suivre les petits pépins physiques qu’ils peuvent avoir, et surtout de connaître la manière dont ils travaillent. Pendant la saison, sur les vacances universitaires, je me déplace dans les clubs, je vais à l’étranger, et je passe du temps là-bas. Cela permet de rencontrer les entraîneurs, et surtout les préparateurs physiques, ce qui m’intéresse le plus. Pour voir comment ils travaillent, et ce qu’ils ont pu déceler sur chacun des joueurs, pour pouvoir les orienter sur un travail de prophylaxie, de prévention des blessures, et connaître les différentes procédures qui leur conviennent le mieux. Maintenant, et depuis un petit moment, j’ai clairement identifié que certains joueurs réagissent mieux à l’approche des matchs à des charges lourdes, alors que certains ont au contraire besoin de travailler la vitesse. Cela permet de sentir ces choses, et c’est mieux de pouvoir échanger avec d’autres personnes pour être sûr de ne pas se tromper.
Et cela permet de gagner du temps au début de l’été ?
Exactement. J’ai au moins un échange toutes les trois semaines avec chaque joueur, pour faire un point, et je sais combien d’entraînement ils ont raté, combien de matchs ils ont raté, à cause de quel problème, et cela me permet de les orienter vers un travail individualisé dès la reprise en équipe de France.
"Ne rien laisser au hasard avant les JO"
Quand un joueur est mis au repos, comme on a pu le voir sur la VNL, comment la décision est-elle prise ?
C’est collégial. Mes voyages dans les clubs m’ont permis d’appréhender à quel point la fatigue psychologique pouvait s’installer pour les joueurs. En Pologne, par exemple, Jastrzebski Wegiel joue vraiment tous les trois jours pendant toute l’année (c’est le club où évoluaient cette saison Benjamin Toniutti, Trevor Clevenot et Stephen Boyer, ndlr). Il y a un niveau de pression énorme, il faut toujours gagner. Et c’est le lot de tous les joueurs français, qui évoluent dans des grands clubs, et pour lesquels on a beaucoup d’exigence. Je l’ai remarqué lors du premier Euro, j’ai bien compris que malgré l’importance de la compétition, la fatigue psychologique fait que l’on n’est plus tout à fait dedans. Et je l’ai remarqué aussi au championnat du monde, même si c’était un objectif majeur pour chacun d’entre eux. Mais avec la longueur de l’été, qui fait suite à une saison déjà très dense en club... C’est ça qui est peut-être difficile à appréhender vu de l’extérieur, mais il faut savoir qu’après l’élimination au championnat du monde, les joueurs doivent retourner dans leur club dès le lendemain. Ils n’ont jamais le temps de couper. Donc pour cet été, ce n’est pas forcément moi qui ai pris la décision, mais on est tombé d’accord avec le staff technique pour donner 15 jours de vacances minimum à chacun des joueurs majeurs. Les plus jeunes ont eu un peu moins de vacances, parce qu’ils n’étaient pas concernés par l’ensemble des étapes de VNL. Cela a privé l’équipe de certains joueurs majeurs sur l’étape de VNL au Japon, et un peu aussi à Orléans, puisque certains joueurs n’étaient pas dans un état de forme suffisant pour intégrer l’équipe.
C’est l’une des spécificités du volley, ce calendrier très chargé pour les joueurs...
C’est délirant. On le dit tous les ans. A priori, la FIVB devrait se caler après les Jeux Olympiques sur les autres sports collectifs, en maintenant certainement la VNL, mais en déplaçant les grands championnats continentaux en hiver, probablement en décembre-janvier, comme cela se fait au handball. Ce ne serait pas simple non plus, puisque les joueurs seraient dans leurs clubs à ce moment-là, et on aurait une préparation moins longue, mais au niveau de la lassitude qui s’installe et qui peut être délétère pour les résultats, ce serait une bonne chose.
La particularité de cet été, c’est qu’il précède les Jeux Olympiques de Paris. Est-ce que vous y pensez dès maintenant, à ce grand évènement ?
Complètement. C’est dans les discours des joueurs. L’Euro, c’est important, parce qu’on veut faire bonne figure pour se remettre en confiance, car même si un quart de finale au championnat du monde ce n’est pas rien, pour cette équipe, par rapport à nos ambitions, c’est un échec. Donc on veut réussir cet Euro, mais malgré tout on voit plus loin. La semaine dernière, nous avons eu plusieurs réunions de staff pour caler les stages de préparation de l’été prochain, ne rien laisser au hasard, et être le plus efficient possible. Dans l’esprit des joueurs, certains anticipent déjà leur saison à l’étranger en me demandant comment faire pour être en forme au moment des JO, quitte à changer un peu leur méthode de travail en club.
C’est collégial. Mes voyages dans les clubs m’ont permis d’appréhender à quel point la fatigue psychologique pouvait s’installer pour les joueurs. En Pologne, par exemple, Jastrzebski Wegiel joue vraiment tous les trois jours pendant toute l’année (c’est le club où évoluaient cette saison Benjamin Toniutti, Trevor Clevenot et Stephen Boyer, ndlr). Il y a un niveau de pression énorme, il faut toujours gagner. Et c’est le lot de tous les joueurs français, qui évoluent dans des grands clubs, et pour lesquels on a beaucoup d’exigence. Je l’ai remarqué lors du premier Euro, j’ai bien compris que malgré l’importance de la compétition, la fatigue psychologique fait que l’on n’est plus tout à fait dedans. Et je l’ai remarqué aussi au championnat du monde, même si c’était un objectif majeur pour chacun d’entre eux. Mais avec la longueur de l’été, qui fait suite à une saison déjà très dense en club... C’est ça qui est peut-être difficile à appréhender vu de l’extérieur, mais il faut savoir qu’après l’élimination au championnat du monde, les joueurs doivent retourner dans leur club dès le lendemain. Ils n’ont jamais le temps de couper. Donc pour cet été, ce n’est pas forcément moi qui ai pris la décision, mais on est tombé d’accord avec le staff technique pour donner 15 jours de vacances minimum à chacun des joueurs majeurs. Les plus jeunes ont eu un peu moins de vacances, parce qu’ils n’étaient pas concernés par l’ensemble des étapes de VNL. Cela a privé l’équipe de certains joueurs majeurs sur l’étape de VNL au Japon, et un peu aussi à Orléans, puisque certains joueurs n’étaient pas dans un état de forme suffisant pour intégrer l’équipe.
C’est l’une des spécificités du volley, ce calendrier très chargé pour les joueurs...
C’est délirant. On le dit tous les ans. A priori, la FIVB devrait se caler après les Jeux Olympiques sur les autres sports collectifs, en maintenant certainement la VNL, mais en déplaçant les grands championnats continentaux en hiver, probablement en décembre-janvier, comme cela se fait au handball. Ce ne serait pas simple non plus, puisque les joueurs seraient dans leurs clubs à ce moment-là, et on aurait une préparation moins longue, mais au niveau de la lassitude qui s’installe et qui peut être délétère pour les résultats, ce serait une bonne chose.
La particularité de cet été, c’est qu’il précède les Jeux Olympiques de Paris. Est-ce que vous y pensez dès maintenant, à ce grand évènement ?
Complètement. C’est dans les discours des joueurs. L’Euro, c’est important, parce qu’on veut faire bonne figure pour se remettre en confiance, car même si un quart de finale au championnat du monde ce n’est pas rien, pour cette équipe, par rapport à nos ambitions, c’est un échec. Donc on veut réussir cet Euro, mais malgré tout on voit plus loin. La semaine dernière, nous avons eu plusieurs réunions de staff pour caler les stages de préparation de l’été prochain, ne rien laisser au hasard, et être le plus efficient possible. Dans l’esprit des joueurs, certains anticipent déjà leur saison à l’étranger en me demandant comment faire pour être en forme au moment des JO, quitte à changer un peu leur méthode de travail en club.
"Tout le monde va dans la même direction"
Comment sont les joueurs, à environ trois semaines de l’Euro ?
La VNL a été un peu particulière, avec des états de forme assez différents en raison des pauses qui ont été accordées, et des petits bobos qu’il fallait soigner après les saisons en club. On n’était pas dans les meilleures dispositions. Mais la semaine de pause après l’élimination en VNL face aux Etats-Unis a remis tout le monde dans le droit chemin. On a fait une excellente semaine de préparation à Bordeaux la semaine dernière, on a une petite coupure de deux jours cette semaine, et j’attends exactement la même chose la semaine prochaine avant de partir au tournoi Wagner en Pologne, pour s’étalonner contre de grandes équipes (Italie, Pologne, Slovénie). Mais je sens vraiment que le train est reparti, on est vraiment en ordre de marche. Tout le monde va dans la même direction, et c’est vraiment appréciable de travailler dans ce climat. A Bordeaux, j’ai vu un investissement irréprochable de la part des joueurs.
Est-ce qu’on prépare différemment un Euro des Jeux Olympiques par exemple, où le premier match est déjà un match couperet ?
Sans manquer de respect aux autres équipes (Turquie, Portugal, Israël, Roumanie, Grèce), on sait que la phase de poules devrait bien se dérouler pour nous. On aura quelques jours pour travailler, et mettre du volume dans les entraînements, pour pouvoir être dans une forme suffisante pour les matchs décisifs, à partir des huitièmes de finale, pour aller jusqu’au bout.
A quel moment savez-vous si la préparation d’une grande compétition est réussie ?
On fait toujours le bilan à la fin, mais ce sont des choses que l’on sent. L’année dernière, pour le championnat du monde, on avait fait une très bonne préparation. On était au sommet pour le match contre le Brésil à Montpellier, pour le dernier match amical. Et après cela, on a commencé à sentir une petite usure psychologique. On a donc décidé cette année d'accorder plus de pauses, même sur le gros volume de préparation comme actuellement à Bordeaux, on accorde des demi-journées de repos, ce qu’on ne faisait pas avant, pour garder une certaine fraîcheur. On espère que ce sera payant, et que cela nous donnera une bonne indication sur comment procéder pour l’année prochaine. On est encore en train de peaufiner la préparation pour les JO, en essayant de nouvelles choses cette année.
La VNL a été un peu particulière, avec des états de forme assez différents en raison des pauses qui ont été accordées, et des petits bobos qu’il fallait soigner après les saisons en club. On n’était pas dans les meilleures dispositions. Mais la semaine de pause après l’élimination en VNL face aux Etats-Unis a remis tout le monde dans le droit chemin. On a fait une excellente semaine de préparation à Bordeaux la semaine dernière, on a une petite coupure de deux jours cette semaine, et j’attends exactement la même chose la semaine prochaine avant de partir au tournoi Wagner en Pologne, pour s’étalonner contre de grandes équipes (Italie, Pologne, Slovénie). Mais je sens vraiment que le train est reparti, on est vraiment en ordre de marche. Tout le monde va dans la même direction, et c’est vraiment appréciable de travailler dans ce climat. A Bordeaux, j’ai vu un investissement irréprochable de la part des joueurs.
Est-ce qu’on prépare différemment un Euro des Jeux Olympiques par exemple, où le premier match est déjà un match couperet ?
Sans manquer de respect aux autres équipes (Turquie, Portugal, Israël, Roumanie, Grèce), on sait que la phase de poules devrait bien se dérouler pour nous. On aura quelques jours pour travailler, et mettre du volume dans les entraînements, pour pouvoir être dans une forme suffisante pour les matchs décisifs, à partir des huitièmes de finale, pour aller jusqu’au bout.
A quel moment savez-vous si la préparation d’une grande compétition est réussie ?
On fait toujours le bilan à la fin, mais ce sont des choses que l’on sent. L’année dernière, pour le championnat du monde, on avait fait une très bonne préparation. On était au sommet pour le match contre le Brésil à Montpellier, pour le dernier match amical. Et après cela, on a commencé à sentir une petite usure psychologique. On a donc décidé cette année d'accorder plus de pauses, même sur le gros volume de préparation comme actuellement à Bordeaux, on accorde des demi-journées de repos, ce qu’on ne faisait pas avant, pour garder une certaine fraîcheur. On espère que ce sera payant, et que cela nous donnera une bonne indication sur comment procéder pour l’année prochaine. On est encore en train de peaufiner la préparation pour les JO, en essayant de nouvelles choses cette année.