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"Après le Championnat d’Europe, j’ai commencé par un travail, qui a duré quasiment un mois, consistant à analyser, avec le programme Data Volley et le travail de nos scouts, quels avaient été nos points forts cette saison, ceux où on avait péché, ce qu’on faisait bien quand on gagnait, et ce qui posait problème lorsqu’on perdait, en particulier sur nos deux défaites de l’Euro, face aux Pays-Bas et l’Italie. J’ai aussi fait un comparatif entre l’Euro 2021 à Belgrade, la Challenger Cup cette année à Laval et cet Euro 2023 pour voir s’il y avait des tendances notoires qui se dégageaient au niveau de notre progression, si les choses étaient ponctuelles ou au contraire durables. Cette analyse, je l’ai faite à la fois individuellement et collectivement, dans le secteur du side out (phase de jeu sur service adverse) et en réception/bloc/défense, quand on sert. J’ai passé de nombreuses heures devant mon écran, j’ai aussi décodé ce que les autres équipes faisaient de mieux par rapport à nous, pour comprendre ce qu’il nous manquait pour passer à un niveau supérieur."
Le débrief
"A la suite du Championnat d’Europe, j’avais demandé à tous les gens qui avaient participé à l’été, mon staff, mais aussi les entraîneurs venus nous donner des coups de main pendant l’été, de me faire chacun leur évaluation de la saison. Je leur ai posé plusieurs questions : quels étaient les process qu’ils avaient trouvés opérants et mériteraient éventuellement d’être renforcés ? Quels étaient ceux qu’il faudrait au contraire ajuster, voire éliminer ? Quelles étaient leurs propositions ou éventuelles questions ? Une vingtaine de personnes m’ont répondu, ça m’a pris beaucoup de temps d’analyser ces réponses, de les trier en plusieurs thématiques, pour finalement voir quelles étaient les bonnes idées à garder, les choses à renforcer, l’adhésion ou non à certaines de mes idées."
La formation
"J’ai suivi aussi deux « clinics » importants, le premier par l’ANS (Agence Nationale du Sport) qui a organisé un stage de trois jours avec 120 coaches allant aux Jeux Olympiques pour nous préparer à l’événement autour de plusieurs thèmes : planification, relations avec les médias, adaptation au village olympique… J’en ai profité pleinement et j’ai fait une synthèse de chaque atelier auquel j’ai participé pour l’envoyer à une partie de mon staff, pour qu’eux aussi puissent anticiper ce qui va nous « tomber sur la tête » avant et pendant les Jeux. J’ai aussi suivi une intervention sur le positionnement des entraîneurs entre exigence et maltraitance. C’est une problématique très vivante actuellement dans le monde du sport, la preuve, il y avait 260 personnes inscrites. Quand tu fais du sport du haut niveau et que tu vas chercher la performance, tu peux avoir tendance à pousser les athlètes à aller au-delà de leurs limites, l’équilibre est pour certains difficile à trouver. Il faut bien évidemment bannir tous les comportements inadaptés et inacceptables avec les athlètes, mais la frontière peut parfois ténue entre haute exigence et maltraitance, d’où l’importance d’un tel atelier."
La programmation
"J’ai bien sûr été associé au choix de l’Espace Mayenne comme cadre de notre préparation en juillet. Je suis très satisfait d’aller à Laval, les infrastructures sont parfaites, tout est réuni pour bien se préparer : volumes de travail, qualité du sol, salle annexe pour travailler en sous-groupes, salle de musculation sur place et des gens remarquables, avec lesquels on a tissé des liens forts quand on a gagné la Challenger Cup en juillet dernier. C’est un endroit chargé d’émotions très positives. Et je n’oublie pas l'hôtel, lui aussi remarquable ; il y a les quatre étoiles où les gens font leur travail et les quatre étoiles où les gens ont la passion de faire leur travail, on est dans cette dernière catégorie.
J’ai aussi mis mon staff au travail sur le décodage des matchs des équipes qu’on va rencontrer à la VNL (Volleyball Nations League, que les Bleues vont disputer pour la première fois cette année) et qu’on ne connaît pas, je vais recevoir dès le 1er février une version avancée des caractéristiques des équipes, de façon à ce que je puisse déjà réfléchir à la manière dont je vais aborder les entraînements en avril. Je suis enfin en train de travailler sur le système de « scouting » pour améliorer la prise d’informations et les consignes aux filles avant, pendant et après les matchs."
Les échanges avec les joueuses
"L’ANS nous a alertés sur le particularisme des JO et la gestion du village qui réunit trois catégories d’athlètes : ceux qui sont contents d’être là et pour lesquels l’important est de participer à l’événement, voire à la fête ; ceux qui viennent avec l’idée de commencer à fond et qui, s’ils se rendent vite compte que ce n’est plus possible de performer, basculent du sport au fait de vouloir en profiter ; et la dernière, ceux qui n’y vont que pour performer. Un Nadal, il ne vient pas aux JO pour voir la cérémonie d’ouverture, pour lui, les Jeux ne sont réussis que s’il gagne. Donc en fonction de tes objectifs, il faut préparer les esprits. De notre côté, on veut viser la performance, donc il faut préparer nos athlètes à tous les facteurs perturbateurs propres aux Jeux. Je me sers aussi de l’expérience des garçons, notamment aux Jeux de Tokyo, j’y trouve des choses très inspirantes.
A l’ANS, ils m’ont dit que ce n’était pas bon de ne plus voir ses athlètes pendant sept mois, il faut éviter de tout leur mettre sur la tête d’un coup au moment où tu les retrouves, c'est important de les préparer bien en amont. J’ai donc décidé de faire des infographies sur différentes thématiques, à la fois informatives sur la compétition et de sensibilisation à nos objectifs, dans différents domaines (préparation mentale, récupération, santé…). Je leur envoie chaque semaine une infographie assez dense, accompagnée d’un questionnaire qui permet d’avoir une idée sur la façon dont elles s’approprient les différents sujets, elles peuvent faire part de leurs interrogations. Ça leur prend une demi-heure par semaine, j’envoie pour l'instant à un groupe élargi de 35 filles, on sent qu’elles sont réceptives et demandeuses.
En février/mars, j'irai voir un certain nombre de filles qui évoluent en France, à Marcq-en-Baroeul, Nantes, Chamalières, en passant à chaque fois trois-quatre jours dans leur club, je vais aussi démarrer une série d'entretiens téléphoniques réguliers avec chacune d’entre elles, on aura l’occasion d’en reparler lors de la prochaine chronique !"